Nous reproduisons ci-dessous des extraits de la déclaration rédigée par Georges Louis, militant CGT poursuivi en justice pour avoir participé, le 10 octobre dernier à Paris, au « cortège de tête ».
Je suis un syndicaliste. Je milite contre toute forme de précarité et d’exclusion depuis de longues années.
Délégué syndical, trésorier du comité d’entreprise et secrétaire du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, j’essaye, à travers mes engagements, d’être digne de ceux qui, par leurs combats durant de longs mois, ont permis la mise en place de ces instances du personnel. Je pense à cet instant aux millions de grévistes en 1936 et en 1968. Mais aussi à ces syndicalistes devenus résistants dès 1940. Pourchassés, torturés, abattus, déportés, ils n’ont jamais courbé l’échine face au conformisme et à l’apathie générale.
Les conquêtes acquises ensuite dans l’immédiat après-guerre comme la Sécurité sociale ou le comité d’entreprise sont devenues insupportables pour les patrons. C’est 70 ans de trop pour le Medef. Allons fainéants, sans rien, sans dents, au boulot jusqu’à la mort ou au mieux jusqu’au fauteuil roulant !
Depuis le 10 octobre je suis considéré comme un violent, un terroriste, un ennemi d’une société en marche.
Ma dignité, notre dignité, est de défendre, de lutter contre toutes ces infamies et ces retours en arrière qui gangrènent le pays.
On peut me condamner, m’éliminer socialement, m’interdire de manifester. Or ce n’est pas moi qui suis responsable de tant de morts dans les quartiers populaires et à Sivens et de blessés par centaines durant les manifestations de l’an dernier comme par exemple le 15 septembre 2016 où devant moi un syndicaliste est tombé l’œil crevé par un éclat de grenade et à Aulnay-sous-Bois où Théo a été mutilé par des « fonctionnaires de police assermentés ».
Ce n’est pas moi aussi qui devrais contenir à tout prix la colère et la rage d’une population qui dans un futur proche sera obligé de se soulever comme jadis à Paris. Les gueux et les manants, comme en 1789, en 1830, en 1848 ou en 1871, se souviennent toujours comment arracher leurs chaînes à leurs exploiteurs.
Procès le vendredi 24 novembre au TGI de Paris, rassemblement place Saint-Michel à partir de 11 h 30.