Lien vers la souscription.
Ceci est le premier des deux épisodes d’une petite chronique sur les finances de la séquence électorale 2020 aux USA.
Si l’on en croit Libération 1, celle-ci a vu 13,3 milliards de dollars partir en fumée pour la présidentielle (primaires comprises) et les élections au Congrès. Ce total s’élevait à 6,8 milliards de dollars en 2016 (+ 100 %) et à 4,7 milliards en 2000 (+ 180 %). Les Démocrates ont flambé 8,4 milliards contre 3,4 milliards en 2016 (+ 150 %), et 2 milliards en 2000 (+ 320 %). Les Républicains ont claqué 4,8 milliards contre 3,3 milliards en 2016 (+ 45 %), et 2,5 milliards en 2000 (+ 90 %).
« Ce sont les 0,0001 % qui comptent »
Sans surprise, le poids des milliardaires dans le processus s’est lui aussi alourdi. D’abord sous la forme d’auto-financement. Les « Démocrates » Bloomberg et Stelter ont dépensé 1 milliard et 300 millions de dollars pour leurs candidatures respectives à la primaire. Ensuite en tant que donateurs. Les 100 plus gros donateurs de cette séquence électorale ont dépensé 1,3 milliard de dollars. Mieux, le plus gros donateur républicain a versé 180 millions de dollars à lui seul, talonné par le champion des Démocrates avec 110 millions. Finalement, comme le note avec ironie un professeur de droit de l’université de Columbia cité par les Échos2 : « Les critiques des inégalités américaines parlent souvent des "1 %" de la population, mais en ce qui concerne le financement des campagnes, ce sont les 0,0001 % qui comptent ».
On se consolera (ou pas) en notant que plusieurs dizaines de millions de personnes ont versé des dons inférieurs à 200 dollars, pour un total de 3 milliards sur 13 milliards (soit 22 % contre 15 % en 2016). Sans surprise, les 2/3 de ces petites contributions ont été levées par les Démocrates, et en particulier leurs candidats les plus radicaux, Bernie Sanders en tête, pour qui le refus des dons d’entreprises et de milliardaires constituait un positionnement politique de fond.
Les finances du NPA sont structurellement précaires
L’inflation déjà ancienne et continue des budgets électoraux américains a connu une récente et puissante accélération en 2008 quand Obama décida, démarche inédite, de se passer de tout financement public et donc de s’affranchir d’une réglementation encore (un peu) contraignante. Un arrêt historique de la Cour suprême daté de 2010 fit sauter les derniers verrous en levant les dernières limites encore existantes sur le financement privé. Désormais, the sky is the limit !
En comparaison, quoi que l’on pense du système de financement électoral en France, la dernière élection présidentielle de 2017 a vu 11 candidats dépenser... 60 millions d’euros. Et s’il l’on resserre encore la focale sur une petite organisation anticapitaliste nommée NPA, il faut savoir que le budget de campagne de Philippe Poutou s’est élevé pour l’occasion à 780 000 euros. Certes, ce montant a été remboursé par l’État. Mais il a fallu avancer des fonds avant que l’obtention des fameux « parrainages » ne débloque un prêt bancaire. Autrement dit, il existe aussi un ticket d’entrée financier à l’élection présidentielle.
Comme nous le répétons sans jamais faiblir, les finances du NPA sont structurellement précaires et notre campagne de souscription annuelle a pour but immédiat de permettre le bouclage de notre budget courant. Elle est donc vitale ! Mais à l’image d’une fusée dont les étages se détachent successivement, la réussite de cette campagne permet, à partir d’un certain palier, d’envisager certaines échéances exceptionnelles !