Aux européennes, la forte résistance sociale à la crise n’a pas trouvé son expression politique. L’abstention (60%), produit du refus de cette construction européenne non-démocratique et du manque d’alternative crédible à gauche, offre à Sarkozy un succès électoral par défaut, dont il se sert pour accentuer son offensive antisociale.
Les orientations du PS, son acceptation du traité de Lisbonne, ses ouvertures vers le Modem, ont été sanctionnées. Ce n’est pas sur cette politique que l’on recomposera une gauche à même de battre la droite et d’empêcher l’extrême droite de relever la tête. Les résultats de la liste Europe écologie, malgré l’impasse sur la rupture avec le libéralisme indispensable à une véritable alternative écologique, soulignent que tout projet à gauche doit intégrer la rupture avec les modes de production et de consommation anti-environnementaux. C’est aussi parce qu’elles se sont rassemblées que les forces écologistes ont rencontré un succès. La gauche de gauche, elle, n’a pas su le faire. Le total des voix des listes Front de gauche, NPA et LO atteint 13%, exprimant la recherche d’orientations anticapitalistes. La division en plusieurs listes concurrentes a freiné une dynamique qui aurait pu polariser l’opinion.
Avec 4,8 % et aucun élu, le NPA ne peut se satisfaire d’un résultat qui n’est pas à la hauteur des attentes. Il ne peut continuer à prétendre incarner à lui seul l’alternative de gauche qui fait défaut. Entre les propositions européennes du NPA et celles du Front de gauche, il n’y avait pas de différences significatives, mais les électeurs ont fait savoir qu’une unité même imparfaite était préférable à l’auto-affirmation solitaire d’un parti, aussi populaire soit-il dans ses propositions. Faire converger les dynamiques du NPA et du Front de gauche, rassembler l’ensemble des forces politiques et sociales qui ne se sont retrouvées dans aucune des deux campagnes, c’est possible, dès maintenant, autour d’une série de mesures politiques d’urgence: 300 euros d’augmentation, Smic à 1500 euros, loi d’interdiction des licenciements dans les entreprises qui versent des dividendes, défense des services publics, contrôle public sur les banques, investissements pour une relance écologique non-productiviste, défense des droits démocratiques et de l’égalité des droits…
Le NPA devrait s’adresser tout de suite à toutes les forces politiques de la gauche de gauche, pour exprimer un accord sur les propositions communes, lors des mobilisations sociales actuelles et, à la rentrée, par l’organisation de meetings communs et de rassemblements locaux. Pour crédibiliser et renforcer cette dynamique convergente, le NPA devra aussi proposer des listes unitaires indépendantes du PS au premier tour des régionales, et des accords de second tour pour battre la droite, sans contrat de gestion libérale imposé.
Avec une orientation visant à l’unité de la gauche de gauche, un NPA ouvert et pluraliste montrerait qu’il peut être un levier utile pour reconstruire une gauche digne de ce nom.
Le courant « Convergences et alternative »