Publié le Vendredi 19 septembre 2025 à 11h00.

Un 10 septembre déterminé, ancré et inventif

Le 10 septembre a marqué le début de quelque chose : blocages, AG et actions inventives ont maillé villes et campagnes. Le 18 s’annonce comme un rebond pour une mobilisation inscrite dans la durée.

Dès le 8 septembre, les rassemblements devant les mairies pour le départ de Bayrou ont montré la combativité dont le 10 a fourni l’élan : cortèges spontanés, casserolades et assemblées générales locales ont posé le cadre d’une journée construite largement « par en bas ».

Une réussite incontestable 

Le 10 septembre, les manifestations ont rassemblé des centaines de milliers de personnes. Des centaines d’actions ont eu lieu. La palette d’actions a été large et créative : gros blocages d’axes et de zones commerciales, barrages filtrants, piquets de grève dans les hôpitaux, occupations ponctuelles, lectures publiques, « campagnes-cantines », manifs sauvages et opérations escargot. Des mobilisations massives ont eu lieu dans les grandes villes (Marseille, Toulouse, Rennes, Lyon), mais la mobilisation a été forte également dans des villes intermédiaires comme Valence, Lorient, Rouen ou Poitiers, et des petites villes et villages — Nogent-le-Rotrou, Gignac, Villeneuve-sur-Lot, Bédarieux — ont démontré l’ancrage rural du mouvement. Ce maillage national a produit plusieurs centaines d’actions et des cortèges nourris partout en France. Le message politique est net : la colère sociale est massive et diffusée sur le territoire. 

La diversité des actions a parfois rencontré les cibles de la campagne BDS : des actions ou blocages ont visé certains magasins — notamment des Carrefour — comme expression de refus de la normalisation du génocide à Gaza, révélant une convergence entre mobilisations sociales et actions de solidarité internationale. Ces convergences attestent de la pluralité des enjeux portés par la journée.

Une répression féroce

Le 10 septembre, la répression ne s’est pas limitée aux gazages : elle a pris des formes d’une dangerosité impressionnante. L’intervention policière a provoqué un incendie que les médias se sont d’abord empressés d’attribuer aux personnes mobilisées. Un homme a été blessé après avoir été frappé en pleine tête par le jet d’un canon à eau à flux tendu, et plusieurs cyclistes ont été aspergés de gaz alors qu’ils circulaient tranquillement. La quantité d’interpellations et de gardes à vue sans fondement, et souvent sans poursuites, est elle aussi massive. Ces faits montrent la volonté d’intimider pour tuer dans l’œuf la mobilisation. Il en faudra plus tant la colère est profonde.

Une dynamique qui ne fait que commencer

Dans de très nombreuses villes, des assemblées générales se sont réunies après les manifs (Angers, Melun, Nantes, Rennes, Poitiers, Villeneuve-sur-Lot…) pour préparer la suite, décider d’actions quotidiennes ou de cantines solidaires, et organiser la reconduction. Les initiatives post-10, parfois sporadiques, confirment toutefois une détermination intacte : le 18 septembre se profile non comme une clôture mais comme un rebond — la construction de la grève, la convergence interprofessionnelle et la tenue d’AG locales seront les clés pour transformer cet élan en rapport de force.

La rédaction