À contre-courant du projet des capitalistes, les 40 milliards d’euros sur la table pour le train Lyon-Turin pourraient être utilisés pour rouvrir plus de 13 000 km de « petites lignes » ou encore rendre gratuits les trains TER dans toute la France pendant plus de 70 ans.
Alors que certains soutiens locaux vantent la création d’emplois par le Lyon-Turin, nous rappelons que ses promoteurs organisent depuis plusieurs décennies la sous-exploitation de la ligne existante afin de justifier leur projet. De nouveaux emplois peuvent être créés dans l’ensemble des services publics où le manque d’effectifs et de ressources menace les droits essentiels à la santé, à l’éducation et au logement, les inégalités climatiques allant de pair avec les inégalités économiques et sociales.
À contre-courant du modèle productiviste
Inscrit dans le modèle de développement productiviste des années 1980, fondé sur l’accélération et l’idée d’une croissance infinie, le Lyon-Turin promeut le vieil imaginaire du progrès technologique : faire croître toujours plus les échanges de marchandises et la vitesse des déplacements entre les gros nœuds industriels et continuer à mondialiser le commerce, peu importe le coût social et écologique. À l’inverse, il est urgent d’encourager les circuits courts, de diminuer notre consommation, de nous réapproprier nos modes de vie et de production pour répondre à nos besoins tout en respectant les limites fixées par les écosystèmes.
Nous devons développer le réseau TER, rendre les transports gratuits, re-créer des commerces locaux et des services publics de proximité pour éviter leur concentration dans les grandes villes, développer l’agriculture paysanne, réquisitionner les logements vides, interdire la publicité qui crée de faux besoins, etc. Nous promouvons des formes démocratiques de prise de décision et de gestion des biens communs pour répondre aux besoins collectifs des populations et non pas à des logiques de concurrence économique.
Vers une société écosocialiste
Ces propositions doivent être vues comme des mesures de transition. C’est-à-dire qu’elles ne sont pas une fin en soi puisque nous voulons construire l’écosocialisme, mais elles sont autant d’outils de lutte pour augmenter le rapport de force et montrer les contradictions du capitalisme. En parallèle, le désarmement des grands projets inutiles et écocides, comme le train Lyon-Turin, sont des luttes justes et nécessaires car elles représentent des gestes de survie collective. Elles permettent de créer des liens entre des collectifs, habitantEs, travailleurEs et militantEs et elles nous donnent de la force par leur intensité, leur construction unitaire et leur capacité de politisation. Au-delà de la création d’une ligne ferroviaire, il s’agit bien de s’opposer au capitalisme vert, à la bétonisation des sols, à l’accaparement des ressources, à la destruction du vivant dans le but d’accumuler du profit. En plus d’être parfois victorieuses, ces oppositions aux projets inutiles nous inspirent comme dans le cas de la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Un des éléments essentiels qui a mené à l’arrêt du projet d’aéroport est l’entrée dans la lutte des travailleurEs de Vinci. Nous cherchons à construire des ponts entre les mouvements écologistes et le monde du travail, que ce soit en soutenant les luttes des travailleurEs d’industries polluantes qui veulent réorienter leur production ou par exemple en menant la lutte politique pour les 32 heures sans perte de salaire. Nous nous battons pour un projet de société écosocialiste, débarrassée de l’exploitation et des oppressions, qui s’oppose à la vision du monde véhiculée par le projet Lyon-Turin.