Les sondages électoraux donnent toujours une large avance aux forces d’extrême droite au pouvoir en Italie, et de larges secteurs de la société restent passifs et même favorables à leurs politiques antisociales et réactionnaires.
Cependant, une certaine effervescence sociale commence à se manifester et la volonté d’opposition grandit. Cette mobilisation sociale et politique s’articule autour de trois axes.
Mobilisation contre le décret de la peur
Il s’agit d’un décret-loi gouvernemental hyper répressif, antidémocratique et anticonstitutionnel qui « combine répression politique, contrôle social, populisme pénal, culture patriarcale, mépris de classe et racisme, en introduisant 23 nouveaux délits pénaux… Il s’agit d’une véritable guerre interne déclenchée par le gouvernement post-fasciste contre la classe ouvrière, les mouvements sociaux, les jeunes, les écologistes, les femmes et les migrants ».
Après de nombreuses manifestations locales, une très grande manifestation s’est déroulée samedi 31 mai à Rome, réunissant tous les mouvements sociaux, les forces de la gauche radicale, mais aussi la CGIL et les partis d’opposition parlementaire contre le « décret de la peur », tout en exprimant la solidarité avec la Palestine et le refus du réarmement.
Se soulever pour la Palestine et contre le réarmement
C’est là le deuxième thème central : les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien et de rejet du génocide en cours à Gaza se multiplient, mais aussi le refus du programme de réarmement de l’Europe capitaliste. Ces remous ont poussé les forces d’opposition, PD, M5S et l’Alliance des verts et de la gauche (AVS) à organiser une manifestation contre la politique du gouvernement israélien le 7 juin.
Mais la grande manifestation aura lieu le 21 juin à Rome. Elle sera organisée par le comité « Stop ReArm Europe » qui rassemble le monde associatif et les forces politiques et syndicales radicales de gauche, mais aussi la CGIL. « Arrêter Israël, libérer Gaza et la Palestine, désarmer l’Europe et le monde, arrêter la guerre et le système de guerre ». Pour Sinistra Anticapitalista, il s’agit également d’une « bataille contre tous les impérialismes, celui néo-tsariste de Poutine, celui de l’OTAN et des États-Unis de Trump et celui de l’Union européenne capitaliste ».
Un référendum contre la précarité
La troisième ligne directrice de la mobilisation est la campagne en vue du référendum institutionnel des 8 et 9 juin : les citoyenNEs devront se prononcer sur quatre questions abrogatives (promues par la CGIL) sur les pires dispositions du « Jobs Act » voulu par le PD libéral de Renzi en 2014, auxquelles s’ajoute une question sur la citoyenneté promue par une petite force laïque du centre. Les cinq questions sont soutenues par un large éventail de forces sociales et par presque tous les partis d’opposition, y compris le PD de la secrétaire Schlein. Il s’agit d’un référendum qui vise à limiter la précarité et l’insécurité du travail, à lutter contre le libéralisme et à renforcer l’unité de la classe ouvrière1. Il semble très difficile d’atteindre le quorum (50 %) ; le gouvernement et les médias ont imposé un silence quasi total sur cette échéance ; les forces patronales et de la droite misent sur l’abstention pour maintenir les normes de précarité. La campagne, organisée notamment par la CGIL, a été intense et massive, trouvant un écho positif également auprès des jeunes. Il est difficile d’envisager une victoire totale, mais il se peut qu’un climat social plus favorable à la résistance et aux luttes soit en train de se créer, y compris pour le renouvellement des contrats de travail de 7 millions de salariéEs, et cela dans un contexte de forte crise industrielle.
Franco Turigliatto
- 1. Sont prévues la réintégration dans l’emploi pour les personnes licenciées sans motif valable, une indemnisation plus importante pour les personnes licenciées dans les entreprises de moins de 15 salariéEs, des motifs stricts pour recourir aux contrats à durée déterminée, la responsabilité de l’entreprise donneuse d’ordre dans les sous-traitances, un accès plus rapide à la citoyenneté pour les travailleurEs migrantEs.