Sortir du tout-auto, voilà le grand chantier, à l’opposé de l’irresponsable plan de « relance de l’automobile » : des milliards d’argent public, la suppression de milliers d’emplois et la fermeture de sites ! À l’inverse, il s’agit de s’engager dans une tout autre politique à définir démocratiquement et qui nécessitera toutes les compétences.
Arrêter la fuite en avant
Rien n’y fait, ni les rapports successifs du GIEC, encore moins les COP soumises aux dogmes capitalistes, la tendance n’est pas infléchie : les constructeurs, aidés par les gouvernements, vendent toujours plus de voitures sur la planète. En route vers le 2e milliard ! 37 millions de voitures individuelles et utilitaires circulent en France (parc doublé par rapport à 1980) où les transports sont responsables de 30 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), dont la moitié provient de la voiture individuelle. Au niveau mondial, cette part de la voiture est de 9 %. La catastrophe est aggravée par la triche généralisée dans les mesures d’émission des moteurs.
L’amélioration de l’efficacité énergétique des moteurs est ruinée par une augmentation du poids (+ 62 % par rapport à 1960), de la puissance (+ 192 %), de la vitesse (+ 43 %), des dimensions. Le comble étant atteint avec les SUV, ces 4×4 urbains, monstres de consommation ostentatoire, qui représentent en 2018 autour de 35 % des immatriculations : leur interdiction devrait être le signal qu’un processus de rupture s’engage. Ajoutons encore que la voiture ne transporte plus que 1,6 voyageur aujourd’hui contre 2,3 en 1960.
La catastrophe étant probable, il faut dès aujourd’hui « tirer les freins d’urgence », comme le disait Walter Benjamin. Le capitalisme « réellement existant » aura été un « capitalisme automobile ». Les marchés sont aujourd’hui saturés en Europe de l’Ouest, aux USA, au Japon… La circulation dans nos villes est congestionnée. L’atmosphère est saturée de particules fines et de gaz à effet de serre. La « magie de l’automobile » n’opère plus vraiment et de fortes résistances se font jour. À nous de mettre un terme à « l’époque de l’automobile », de sortir du « tout-auto ».
Pour une politique écosocialiste de nos déplacements
Refroidir la machine et le climat, rompre avec le rythme trépidant imposé par la valorisation du capital et la circulation accélérée des marchandises, prendre soin de toutes et tous, de tout le vivant et de la planète dans son ensemble, définir ensemble les productions utiles et les manières de les produire, mettre en œuvre cette production : c’est avec ces objectifs qu’une nouvelle politique des transports doit se construire. La reconversion de l’appareil productif sera indispensable pour fabriquer des moyens de transport collectifs et des vélos. Le savoir-faire et l’expertise sont là, ils doivent servir à la fabrication de biens utiles et durables.– À l’heure du réchauffement climatique, les transports en commun doivent être centraux et sous l’égide du service public, avec des investissements massifs dans les villes et sur l’ensemble du territoire afin de permettre un transport digne et efficace des personnes pour une coordination/complémentarité entre les différents modes de transport. Une attention particulière doit être portée au monde rural. La gratuité des déplacements du quotidien, pour toutes et tous, doit être mise en place et s’appuiera pour l’essentiel sur le versement transport des entreprises.– La place de la voiture individuelle deviendra minoritaire dans les déplacements, marginale en centre-ville. Des usages totalement nouveaux, partagés, auto-organisés resteront à expérimenter.– Le vélo : tout doit être entrepris pour qu’il redevienne populaire. 50 % des déplacements du quotidien sont de 1 à 7 kilomètres : le vélo est le moyen idéal pour ces déplacements. Les infrastructures nécessaires doivent être mises en place, dans l’intérêt des cyclistes, marcheurEs mais aussi des personnes à mobilité réduite, pensées et décidées démocratiquement : pistes continues, garages sûrs, accessibles et gratuits au pied des immeubles, des gares, lieux de travail, en ville. Le VAE (vélo à assistance électrique) aura son rôle à tenir notamment en milieu rural et péri-urbain. Un terme sera mis à l’exploitation des livreurs à vélo.– La marche doit être valorisée, et la sécurité des marcheurEs assurée. Premier moyen de déplacement, il faut lui rendre toute sa noblesse : tout kilomètre qui peut être parcouru à pied devrait être parcouru à pied.