Publié le Jeudi 1 novembre 2018 à 10h48.

Montée des tensions inter-impérialistes entre les USA et la Chine

Trump avait promis à son électorat de restaurer la grandeur de l’Amérique en reprenant le slogan de Reagan : « Make America great again ». L’ennemi désigné est la Chine, dont la montée en puissance menace à moyen terme l’hégémonie US. 

Vers une récession aux États-Unis ?

Trump a cherché à faire revenir les profits des multinationales aux USA en abaissant leur taxation fin 2017. Cela a fonctionné puisque la chute des investissements étrangers directs dans le monde au cours du premier semestre 2018 (– 41 % en un an) s’explique en grande partie par le rapatriement des bénéfices des multinationales US vers les USA. Trump a également fortement augmenté les droits de douane sur toute une série de produits chinois (notamment des produits de haute technologie pour tenter de garder le leadership des USA), ce qui a entraîné des représailles chinoises. C’est un échec : au troisième trimestre, les exportations US ont baissé de 3,5 % alors que les importations ont augmenté de 9,1 %. Il faut dire que l’élasticité-prix des importations en volume des États-Unis est nulle, c’est-à-dire que le volume des importations ne baisse pas quand les prix augmentent. Autrement dit, la production des USA n’est plus substituable à court terme à ses importations. Du coup, la hausse des droits de douane amplifie le déficit extérieur.

La politique de Trump heurte les intérêts d’une fraction importante du capital US qui est insérée dans les chaînes de valeur mondiales. La hausse des prix à l’importation augmentera les coûts de production des entreprises US et réduira leurs profits. Pour le moment, les capitalistes bénéficient de l’énorme baisse de la fiscalité, ce qui booste les profits après impôts (alors que les profits avant impôts stagnent) et l’investissement, mais ils risquent de déchanter. Ce qui leur serait bénéfique serait une plus grande ouverture des marchés chinois aux produits et aux investissements étrangers, mais on n’en prend évidemment pas le chemin. La valeur ajoutée réalisée par les entreprises étrangères en Chine oscille autour de 15 % de la VA totale, ce qui est faible pour un pays « émergent » et ce qui exaspère les impérialistes occidentaux.

Avec la hausse des « déficits jumeaux » (déficit extérieur et déficit budgétaire liés), les USA ont aujourd’hui besoin d’attirer des capitaux internationaux de grande taille. L’arrêt des entrées de capitaux aux États-Unis conduirait à un problème grave de financement des déficits et à une forte dépréciation du dollar, ce qui pourrait menacer à terme l’hégémonie du dollar. Pour l’éviter, la Réserve fédérale devra poursuivre la hausse des taux d’intérêt, mais le risque est alors de précipiter une crise financière et l’entrée en récession. L’euphorie de l’économie US risque donc d’être de courte durée. Et l’entrée en crise pourrait alors entraîner une nouvelle montée des tensions entre les USA et la Chine.

GL