Publié le Mercredi 21 avril 2021 à 10h46.

Fermeture des écoles : chronique d’une catastrophe choisie

Lorsque, le 31 mars dernier, Macron a annoncé la fermeture des établissements scolaires, cela n’a été une surprise pour personne, particulièrement les personnels. Ainsi, alors que le 5 mars, le ministère déclarait avoir procédé à la fermeture de 508 classes, ce nombre a atteint 11 272 le 2 avril1.

Les raisons du choix

Le maintien des écoles ouvertes le plus longtemps possible a été l’élément central du discours présidentiel auprès de la population. Un discours officiel qui explique que maintenir les écoles ouvertes, c’est lutter contre le décrochage scolaire. Ce serait donc au nom de la lutte contre les inégalités scolaires que les écoles seraient restées ouvertes si longtemps.

Il est indéniable que le confinement est un révélateur et un accélérateur des inégalités scolaires. C’est aussi en partie pour cela qu’une grande partie des personnels n’y étaient pas favorables. Et que du côté des parents, qui ont dû conjuguer télétravail et école à la maison, l’annonce d’une nouvelle fermeture n’était pas, c’est le moins que l’on puisse dire, attendue avec impatience.

Néanmoins entendre un président, un gouvernement et un ministre comme Blanquer, qui mènent sans aucun doute la politique éducative qui a le plus renforcé les déterminismes sociaux dans les parcours scolaires des élèves, se revendiquer de la lutte contre les inégalités scolaires, c’est insupportable pour les enseignantEs comme pour les usagerEs.

Car la réalité est autre. Pour Macron et consorts, l’objectif du maintien des écoles ouvertes était double. D’une part il y a l’enjeu immédiat de maintien au maximum de l’activité économique et donc du profit des entreprises. D’autre part, l’enjeu de l’élection présidentielle de 2022 est évident. Alors que, des masques aux vaccins, la gestion de la crise a été d’une inanité rare, le maintien des écoles ouvertes plus que dans d’autres pays sera l’argument massue de la campagne Macron, le point « positif » qu’il mettra en avant contre ses adversaires qui jugeront sévèrement, et de façon totalement justifiée, sa gestion de la pandémie.

Le tout au détriment de la santé des élèves, de leurs familles et des personnels. Car pour réussir ce « pari », encore aurait-il fallu s’en donner les moyens.

Une autre politique était possible

Pourtant les personnels et leurs organisations syndicales avaient des propositions claires et simples pour permettre la continuité scolaire. Elles ont été formulées maintes et maintes fois depuis mai 2020.

Il aurait fallu, dès la fin de l’année scolaire, lancer un plan de recrutement massif en ouvrant partout des concours exceptionnels ainsi qu’appeler et réabonder les listes complémentaires. Cela aurait permis de reconstituer le vivier de remplaçantEs nécessaire. En parallèle, il aurait fallu rénover ce qu’il était possible de rénover dans le bâti scolaire pour permettre l’aération des locaux et prévoir, quand cela était nécessaire, d’autres espaces pour faire classe. La fourniture de masques chirurgicaux pour les élèves et les personnels semble une évidence à toutes et tous, sauf au gouvernement. Et enfin, bien sûr, l’accès prioritaire des personnels à la vaccination…

Ces choix n’auraient pas empêché la circulation du virus ni une nouvelle vague. Mais ils auraient certainement permis le maintien de l’école en présentiel, même si c’était en demi-groupe classe.

Il aurait aussi enfin fallu prévoir d’équiper les personnels et les élèves du matériel informatique adéquat si, le cas échéant, les établissements avaient dû malgré tout fermer leurs portes. Et accessoirement, redimensionner les serveurs pour permettre le distanciel… mais il est plus facile d’accuser les hackers que de reconnaître ses propres erreurs.

Ce constat, l’ensemble de la communauté éducative le fait. Depuis un an. Alors que le 26 avril se rapproche à grand pas, imposer la sécurité de la reprise devient une nécessité. Et c’est l’urgence que de réclamer dès maintenant les mesures minimales que sont l’accès à la vaccination et la fourniture de masques.

Mais plus généralement, il faudra bien se mobiliser pour imposer d’autres choix et pour que, si la situation venait à se reproduire, cet après ne soit plus jamais comme ce maintenant.

  • 1. Source : points sanitaires hebdomadaires du ministère, que l’on peut retrouver sur www.snuipp.fr.