Macron et son gouvernement, droits dans leurs bottes, font mine de vouloir aller jusqu’au bout dans leur décision irresponsable de rouvrir les écoles le 11 mai.Cette décision, prise contre les préconisations du conseil scientifique qui s’était clairement prononcé pour une réouverture des établissements scolaires en septembre à l’image de nombreux autres pays (Italie, Portugal, Espagne…), a provoqué une levée de boucliers de la part des parents d’élèves, des enseignantEs, de nombreux maires ou personnels de santé.
À l’évidence, le risque de transmission du virus est important dans les établissements scolaires et les mesures barrières particulièrement difficiles à mettre en œuvre avec les jeunes enfants. Les professionnels de santé voient se profiler une deuxième vague de contamination que les hôpitaux ne pourront pas plus absorber que la première. Après une semaine de propagande médiatique pour faire croire que les enfants ne seraient pas vecteurs de contamination, l’alerte des médecins de l’hôpital Necker sur l’augmentation du nombre d’enfants présentant des symptômes de la maladie de Kawasaki en lien avec une exposition au coronavirus, ainsi qu’une étude allemande révélant que la charge virale des enfants atteints du Covid-19 était équivalente à celle des adultes, ont fait tomber les mensonges du gouvernement.
Sauver les profits, qu’importe le risque
Mais pourquoi s’acharner, contre toute logique, à commencer le déconfinement par les écoles ?Après avoir cherché à donner un vernis social à cette décision (lutter contre les inégalités scolaires), Macron, Philippe et Blanquer ne cachent même plus la véritable motivation : relancer les profits des capitalistes ! Pour ce faire, les salariéEs doivent retourner au travail se faire exploiter et, pour cela, ils et elles ne doivent plus avoir les enfants à la maison. Donc qu’importe le risque sanitaire, pourvu que les profits redémarrent. Le fait que le pouvoir recule sur l’ouverture des lycées et des collèges ne fait que renforcer la conviction que les motifs qui ont guidé le choix de la réouverture des écoles le 11 mai sont des choix économiques. Les élèves de collège et, a fortiori, de lycée, peuvent se garder seuls, ils et elles ne sont pas un frein à la reprise du travail de leurs parents, alors que les enfants de primaire le sont. Au passage, le gouvernement révèle le vrai rôle qu’il attribue à l’école : une garderie pour permettre aux parents de bosser. Pas étonnant qu’ils appliquent alors des politiques d’austérité depuis des années.
Un protocole sanitaire en forme de jeu de dupes
Face au tollé, l’Éducation nationale a planché sur l’élaboration d’un protocole sanitaire pour donner l’illusion qu’en respectant quelques mesures d’hygiène et des gestes barrières, la réouverture des écoles se ferait sans risque pour les enfants et la population. 54 pages de mesures impossibles à mettre en œuvre : retirer l’ensemble des jeux des classes, désinfecter plusieurs fois par jour tout le matériel touché par les enfants, empêcher les enfants de se déplacer dans la classe, respecter des distances de sécurité dans la cour de récréation…
Mais quand il s’agit d’évoquer le matériel de protection, le protocole proscrit le port du masque pour les enfants de maternelle, le déconseille pour les enfants d’élémentaire et, pour les enseignantEs et les personnels intervenant dans les écoles, préconise le port de masques « grand public » ne protégeant pas des contaminations en cas de non-respect des gestes barrières. Le premier projet de protocole indiquait dans un premier temps que les masques seraient disponibles à partir du 11 mai. Dans sa version définitive, la mention de la date du 11 mai a disparu. Le gouvernement craindrait-il de ne pas pouvoir fournir ces masques à temps dans toutes les écoles ?
La résistance s’organise : les écoles ne rouvriront pas le 11 mai
Le nombre de maires qui annoncent ne pas vouloir prendre la responsabilité d’ouvrir les écoles, prend de l’ampleur. Dimanche 3 mai, 316 maires d’Île-de-France ont publié une tribune pour refuser d’endosser la responsabilité de mettre en danger leurs personnels municipaux ainsi que les enfants et leurs familles.L’ensemble des syndicats enseignants s’opposent désormais à cette réouverture forcée le 11 mai. Plusieurs d’entre eux ont déposé des alertes sociales et des préavis de grève. Les enseignantEs ne veulent pas mettre leur santé en danger ni celle de leurs élèves et de leurs familles, mais ils et elles ne veulent pas non plus participer à ce retour au travail généralisé pour la plupart des salariéEs au mépris de leur santé. Si le gouvernement ne revient pas sur sa décision, les enseignantEs se préparent à déposer des droits de retrait pour danger grave et imminent.
Malgré une volonté d’un retour à la normale rapide, la résistance dans l’Éducation nationale pourrait mettre en échec le plan du gouvernement et du Medef, encourageant l’ensemble des salariéEs à refuser de sacrifier leur santé et leur vie pour les profits du patronat.