Malgré l’absence de couverture médiatique de la grève de Transdev, le conflit est scruté dans le monde du transport – par les patrons des grands groupes et par les travailleurEs du secteur. C’est le rapport de forces pour les années à venir qui est en train de se jouer. C’est pourquoi des militantEs de la RATP, de la SNCF ou de Keolis ont commencé à tisser des liens avec les grévistes en se rendant sur les piquets où ils ont été bien accueillis.
Travailler à l’extension de la grève
Pour avoir les meilleures chances de l’emporter, la grève doit s’étendre. Rien que la menace de faire tache d’huile, rien que des tentatives des grévistes de s’adresser à d’autres, seraient un frein au projet patronal. Pour cela, il est important que les objectifs soient le plus clairs possible. Car les pièges sont nombreux.
Le premier écueil est le repli sur soi, l’illusion de pouvoir échapper à l’offensive ou limiter la casse sur son périmètre. Chacun sur son dépôt, avec son accord local. Ou chacun dans sa boîte : la SNCF avec son « décret socle », Transdev son « accord socle » ou la RATP avec son « cadre social territorialisé ». C’est oublier que l’objectif même de cette mise en concurrence factice est de baisser les conditions de travail de tous les secteurs, l’un après l’autre.
Autre impasse, agitée par les partis de gauche : faire porter la responsabilité exclusivement aux présidents de région, surtout quand ils sont de droite. Il est vrai qu’en Île-de-France par exemple, Valérie Pécresse s’illustre par ses propos anti-grève et son zèle dans la promotion de la concurrence. Mais ce serait oublier que le système des appels d’offres existe depuis longtemps dans bien des régions de gauche qui organisent sans ciller la concurrence entre travailleurEs du transport.
Les bénéficiaires de l’ouverture à la concurrence sont les grands groupes du transport. Ce sont eux que les travailleurEs du secteur devront affronter, touTEs ensemble s’ils veulent avoir une chance de l’emporter. Il est donc avant tout nécessaire de parler un langage commun de revendications générales compréhensibles par tous, qui rendent concrète l’idée d’aligner les conditions sur le meilleur de ce qui existe et non sur le pire, par le haut et non par le bas. Celles-ci seront précisées dans le feu de l’action mais elles impliquent : le paiement à 100 % de toutes les heures passées au travail, des embauches massives pour alléger et simplifier les horaires et assurer aux salariéEs une vie personnelle et familiale digne, des augmentations générales et l’intégration des primes au salaire.