Pas un jour sans l’annonce de suppressions d’emplois ou de fermetures d’usine dans l’industrie automobile. Et des ripostes, bien que modestes ou massives mais ponctuelles, se déploient, établissement par établissement menacé, sans une coordination indispensable des résistances.
Depuis l’annonce du plan Renault de suppression de 4 500 emplois, les usines de la Fonderie de Bretagne, puis celle de Maubeuge, ont connu des grèves massives bloquant la production et bénéficiant du soutien de la population environnante.
Des mobilisations successives chez Renault
Un débrayage a réuni le 17 juin, sur le site de Flins, plus de 1 500 travailleurEs selon le secrétaire du syndicat CGT de l’usine. Pour une usine de 2 500 salariéEs, c’est un chiffre très important. La CGT de l’usine a appelé à une répartition du travail entre tous les sites, une base pour aider à unifier toutes les résistances chez Renault. Mais force est de constater qu’il n’y a pas encore eu de suites.
Dans l’usine de Choisy, menacée de fermeture avec des activités devant être déménagées sur le site de Flins, un nouveau débrayage a eu lieu lundi 29 juin, Les entrées et sorties de matériel ont été bloquées grâce à des palettes, le personnel pouvant accéder à son poste de travail. Au rassemblement sans prise de parole, au maximum environ 50 personnes sur site, dont 30 grévistes. On a vu mobilisation plus entraînante ! Les organisations syndicales les plus visibles étaient la CGC, surtout de Guyancourt, ainsi que la CFDT. Signe d’une volonté de coordination, des militants d’autres usines étaient présents dès avant l’heure de l’embauche de l’usine : Technocentre Renault, SOVAB, UL CGT Thiais/Choisy-le-Roy .
Le plan Renault ne concerne pas que les usines. Les conséquences se font déjà sentir à Lardy : 60 à 70 prestataires vont être mis hors du site dans les semaines à venir à cause de la mise à l’arrêt de plus de 25 bancs moteurs. Du boulot pour baisser les émissions polluantes, pour développer les nouveaux moteurs thermiques, hybrides et électriques, il devrait y en avoir, et même beaucoup !
75 salariéEs de Renault-Lardy (sur site et à distance) sur un total d’environ 600 salariéEs présents ce jour-là, ont fait grève jeudi 2 juillet pendant une heure. Prestataires dans le mouvement et des militants de Nokia-Nozay et Renault-Technocentre présents : des appels à faire converger les colères, même si les actions engagées ne regroupent aujourd’hui que des salariéEs parmi les plus combatifs. En revanche pas de mouvement significatif sur le site de Guyancourt où travaillent le plus grand nombre de « Renault ».
Les menaces de fermetures d’usines se multiplient
La mobilisation contre le plan de casse Renault reste largement à construire. Elle dépend des efforts militants réalisés dans chaque établissement mais aussi des luttes qui pourraient surgir ailleurs dans la filière automobile ou dans d’autres secteurs avec leurs possibles convergences et effets d’entraînement. Si beaucoup des conséquences du plan Renault sont encore différées, de nombreuses entreprises sous-traitantes sont immédiatement menacées. La liste est longue : les fonderies du Poitou, l’équipementier Novares, avec 22 000 salariéEs dans le monde dont 1 350 en France, mis en redressement judiciaire, une usine fabriquant des sièges pour Renault Flins à la fermeture annoncée pour 2021, une usine située à Tulle fabriquant des pièces pour Volkswagen dont le groupe propriétaire BorgWarner a annoncé la fermeture.
Macron et ses relais nous vantaient la voiture électrique comme l’avenir de l’automobile. Au début de l’année 2020, deux usines s’étaient spécialisées en France : Renault à Flins et Mercedes Smart à Hambach. Les deux sont aujourd’hui menacées : c’est la preuve que ces nouvelles voitures sont un prétexte à la restructuration à grande échelle de tout le secteur.
Des profits « énormissimes »
D’un côté, suppressions d’emplois et fermetures d’usines, de l’autre restructurations au profit des actionnaires. Lors de l’assemblée des actionnaires de PSA tenue au mois de juin, Tavares s’est vanté de la fusion prochaine avec Fiat Chrysler : « Si l’on se projette dix à vingt ans en avant, on voit bien que la création de valeur résultant de la fusion entre les deux entreprises est énormissime ».
Face aux fermetures d’usines et aux suppressions d’emplois, l’heure est bien à la préparation du « touTEs ensemble », à la construction du rapport de forces pour imposer l’interdiction des licenciements et l’expropriation de ces patrons attendant des gains « énormissimes », même pendant la pandémie.