Le Mondial de l’automobile, appellation moderne du Salon de l’auto, est bien plus qu’une occasion de vendre des voitures : c’est le moment de célébrer la voiture pour cette industrie qui a tiré la croissance des économies capitalistes depuis des décennies en généralisant le travail à la chaîne et la « bagnole ». Celle-ci a modelé les espaces d’habitation et de travail, favorisant inégalités et ségrégations.
Ce Mondial 2022 survient à un moment particulier : la fin annoncée des moteurs thermiques diesel et essence pour 2035, l’arrivée cette fois-ci massive des voitures électriques, la crise des approvisionnements en semi-conducteurs à la suite des ruptures dans les chaînes de production mondialisées qui n’en finissent pas d’être perturbées depuis la pandémie, et l’annonce de mesures de limitation de l’usage de l’automobile dans un nombre croissant de zones urbaines.
Alors que la production de voitures est en baisse partout par rapport à la période pré-pandémie, les profits et les rentabilités affichés par la plupart des groupes automobiles atteignent des niveaux inégalés. La recette : vendre des voitures plus chères destinées aux plus riches ! Le passage aux véhicules électriques va amplifier ce tournant. Le directeur général de Renault l’explique crûment dans une interview au journal économique Challenges : « les voitures électriques sont 50 % plus chères que les thermiques aujourd’hui. Ce sont donc les personnes aisées qui peuvent se permettre ces achats et financer cette première phase de la transition énergétique. » Un peu comme pour l’iPhone en 2007 !
Pas d’avantage écologique pour les voitures électriques
Ne nous laissons pas prendre par les publicités et les articles de complaisance qui nous vantent les vertus écologiques des voitures électriques qui vont être exposées tout au long de ce Mondial de l’Automobile : il n’y a pas d’avantage écologique décisif en faveur des voitures électriques.
Comble de la politique de gribouille de ce gouvernement : il enjoint de couper la nuit l’alimentation électrique des chauffe-eau, en même temps qu’il subventionne l’installation de prises de recharge pour les plus riches qui peuvent disposer d’une voiture électrique. C’est en fait la démonstration que pour Macron et son monde, transition écologique capitaliste se conjugue avec inégalités.
Préserver la voiture individuelle et les profits
Un classique de la production capitaliste : ce changement s’accompagne d’une évolution des techniques de production et de leur organisation pour augmenter l’exploitation du travail. De plus, les investissements mobilisés pour ce passage à l’électrique entraînent une austérité accrue pour les salaires, comme le montrent les mouvements en cours dans les usines Stellantis. Au contraire, la réduction du temps de travail pourrait et devrait être à l’ordre du jour car la fabrication d’un moteur électrique exige une moindre quantité de travail qu’un moteur thermique. Mais pour cela il faudrait s’affranchir des contraintes du profit en passant par l’expropriation, étape indispensable pour transformer réellement les conditions de production et la finalité des modes de transport répondant aux besoins de la société.
Voiture thermique ou électrique, presque autant de pollution. L’essentiel pour les firmes automobiles est de préserver la voiture individuelle au détriment de la priorité qui devrait être donnée à toutes les formes de transport collectif.
Pour élargir les réflexion sur la branche, une contribution de la IVe Internationale :
http://www.npa-auto-critique.org/2021/04/un-revirement-complet-du-secteur-des-transports-est-absolument-imperatif.html