Publié le Mercredi 13 septembre 2017 à 21h34.

Un (nouveau) plan pour « lutter contre la désertification médicale » ?

Le plan de la ministre Agnès Buzyn, destiné à « lutter contre les inégalités sociales et géographiques d’accès aux soins », sera aussi inefficace que ceux de ses prédécesseurs. 

Car pour la très libérale ministre de la Santé, pas question d’interdire les dépassements d’honoraires, de rembourser les soins à 100 % par la Sécurité sociale et de généraliser le tiers payant intégral, géré par la Sécurité sociale seule… 

Les mêmes recettes inefficaces

À la place, un tiers payant usine à gaz, dans lequel il sera toujours aussi difficile de se retrouver, entre Sécu et multiples mutuelles, et qui reste au bon vouloir des médecins qui majoritairement n’en veulent pas. Avec un tel plan, ce n’est pas demain que les 30 % de patientEs qui ont des problèmes d’accès aux soins, surtout aux spécialistes, pourront se faire soigner. 

D’autant que pour lutter contre les déserts médicaux, qui vont aller en s’aggravant avec les très nombreux départs à la retraite, surtout à la campagne et dans les quartiers populaires, ce sont toujours les mêmes recettes qui sont proposées, alors qu’elles peinent à attirer de jeunes médecins : maisons de santé, télémédecine, aide à l’installation. Pourquoi s’installer, alors que l’on a le choix, dans des quartiers où règnent le chômage et les problèmes sociaux, ou dans des coins reculés où les hôpitaux de proximité, les services d’urgence et les maternités sont fermés ? 

La ministre ose même dire que les dermatologues ou les psychiatres libéraux, déjà surchargés, pourraient faire des vacations dans les zones sous-dotées, au moment où elle met à mal la psychiatrie de secteur qui accueille gratuitement les patientEs en souffrance sur tout le territoire ! Pas un mot, en revanche, sur la sacro-sainte liberté d’installation, alors que pharmaciens et infirmières doivent de leur côté passer par les agences régionales de santé avant de s’installer. Pas un mot non plus au sujet d’une allocation d’études qui permettrait aux jeunes issus des classes populaires d’étudier la médecine et de vouloir s’installer là où ils ont vécu. 

Pour un service public de santé de proximité

La médecine libérale, solitaire, payée à l’acte, n’attire plus : elle est en fin de modèle. Surchargés, surmenés, confrontés à de plus en plus de tâches administratives, souvent impuissants face aux difficultés quotidiennes des habitantEs, les médecins libéraux sont à bout de souffle : moins de 10 % des jeunes médecins s’installent en médecine générale, une des catégories sociales où le burn out est le plus important. 

C’est pourquoi nous défendons l’idée d’un service public de santé de proximité qui, avec une école au service de touTes, des bureaux de poste, des lieux de culture, des transports gratuits et de qualité… peuvent redonner l’envie de vivre, de travailler dans les territoires abandonnés du libéralisme. Un service public de santé de proximité, financé par la Sécu, qui rassemble touTEs les acteurEs de la santé (généralistes, spécialistes, dentistes, labo et radiologie, nutritionnistes, infirmières, kinés, accueil psy… mais aussi usagerEs) pour donner des soins gratuits, réaliser des actions d’information et de prévention, et assurer au plus près la permanence des soins pour désengorger les urgences. 

Pour donner aux médecins l’envie d’être au service de la santé de touTEs, partout…