Depuis près de 40 ans que le peuple kurde subit une violente répression, les femmes ont pris toute leur place dans la résistance...
Elles ont manifesté en tant que mères, femmes ou filles de disparus mais elles ont aussi pris leur part à l’organisation matérielle et aux combats. Le PKK a depuis longtemps des unités de femmes qui se sont formées aussi bien dans la guérilla que dans le mouvement légal en Turquie. Elles ont élaboré leur propre système théorique appelé jinéoloji, proche de nos conceptions féministes, mais qui se veut plus large et vise à la réappropriation globale de leur vies et de leur histoire par les femmes.
Dans le système de confédéralisme démocratique, des assemblées non mixtes se tiennent en parallèle des assemblées locales et sont représentées au Congrès des femmes libres, instance qui participe au Congrès des peuples libres, lAssemblée fédérale du Kurdistan turc. Les assemblées mixtes ne peuvent être considérées comme décisionnelles si le quota de 40 % de femmes n’est pas atteint. Le mouvement kurde s’est doté d’un système de coprésidence mixte à tous les échelons.
Une véritable révolution sociale et culturelle
Dans les cantons libérés du Rojava (Kurdistan syrien), le confédéralisme démocratique trouve sa forme la plus avancée. Il existe des maisons des femmes dans chaque village et les violences de genre sont jugées par des assemblées de femmes. Dans cette région, le mouvement d’émancipation des femmes a été bien plus rapide qu’il ne l’a jamais été sous les régimes réactionnaires soutenus par les puissances impérialistes occidentales. Il s’agit bien d’une véritable révolution sociale et culturelle contre l’ordre existant, en particulier l’ordre patriarcal.
Au Rojava, avec le retrait des troupes d’Assad, ce sont les forces kurdes qui assument la lutte contre Daesh. Des unités de protection mixtes et non mixtes (YPG/YPJ) mènent la résistance dont Kobané a été l’un des symboles. 35 % des combattantEs sont des femmes, et plusieurs centaines de bataillons féminins mènent leurs opérations de manière indépendante. Elles jouent un rôle clef dans les combats contre Daesh.
La place occupée par les femmes kurdes dans le combat contre la répression du gouvernement turc aussi bien que contre le régime de Bachar el-Assad ou contre Daesh est l’héritage de décennies de résistance. En tant que féministes et internationalistes, nous condamnons le soutien de Hollande au gouvernement turc, nous demandons le retrait du PKK de liste des organisations terroristes, et nous exprimons notre solidarité avec les forces kurdes, en particulier avec leurs composantes féminines.
Clémence et Elsa