Publié le Mercredi 18 mars 2020 à 14h03.

MigrantEs et travailleurEs sans papiers toujours plus en danger face au coronavirus !

La crise sanitaire mondiale provoquée par le coronavirus, conjuguée à l’indigence des gouvernements, aggrave fortement les conditions de vie, déjà insupportables, des plus pauvres, des plus vulnérables, des plus précaires de la société, notamment celles des migrantEs et sans-papiers.

Contre l’Europe des frontières, des barbelés, et des centres de rétention !

Face à l’actuelle crise sanitaire, les dirigeants de l’Union européenne (et d’ailleurs) démontrent leur incapacité à prendre des mesures préventives pour l’enrayer. Les discours dominants agitent la peur, le confinement, la fermeture des frontières, l’appel si besoin à l’armée pour faire respecter ces mesures. Nous savons pourtant depuis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, que les nuages radioactifs, pas plus que les virus ne respectent les frontières. Et quand bien même : notre slogan « nos vies valent plus que leurs profits » ne s’appliquerait-il qu’à une partie de notre société ? Devrions-nous sacrifier les principes d’égalité, de fraternité et de sororité sur injonction des autorités ? D’autant plus qu’aucun mur, aucune barrière de barbelés ne pourra dissuader celles et ceux qui ont décidé de quitter leur pays en guerre, ou poussés par la misère, à rejoindre l’Europe, même si les conditions « d’accueil » y sont catastrophiques. Comme le résumait très bien un jeune Marocain candidat à l’exil à un journaliste : « La fermeture des frontières ne changera rien, on n’a pas de frontières ».Plus que jamais nous exigeons ­l’ouverture immédiate des frontières, ainsi que le droit ­d’installation pour toute et tous !

Halte aux confinements autoritaires, liberté de circulation, fermeture des centres de rétention administrative !

Les mesures coercitives prises à l’encontre des migrantEs depuis une semaine sur tout le territoire italien laissent présager celles que pourraient prendre les autorités ici aussi : confinement renforcé pour les centre d’hébergement des demandeurs d’asile, obligation de présenter des papiers d’identité et un certificat de travail pour tout déplacement, refus gouvernemental aux ONG qui demandaient des mesures de mise à l’abri des migrantEs qui sont à la rue. Comme nos lecteurs et lectrices le savent, les centres de rétention en France sont en ébullition. Plusieurs grèves de la faim et des mutineries y ont éclaté dans les dernières semaines, pour protester contre les conditions inhumaines d’incarcération, notamment depuis la mise en application d’une loi allongeant de la détention de 45 à 90 jours et plus dans certains cas, avec l’absence totale de suivi administratif. Au centre de Lesquin (à côté de Calais), un cas de coronavirus a été révélé vendredi 13 mars, sans que les détenus en aient été informés par l’administration. Inquiets, ils ont décidé de ne pas se rendre dans les espaces collectifs de la prison, dont le principal qu’est le réfectoire, refusant de se nourrir dans de telles conditions. Aucune association n’est actuellement sur les lieux, aucune visite n’est autorisée, aucun kit sanitaire n’a été distribué aux détenus ! L’administration ayant déclaré ne pouvoir les expulser faute de transports, ils sont donc dès lors retenus en toute illégalité et réclament fort justement leur libération. Nous ne pouvons accepter que ces mesures inhumaines perdurent et devons revendiquer d’urgence l’arrêt des expulsions du territoire et la fermeture des sinistres CRA ! Il en est de même pour la population carcérale : alors que les prisons sont dramatiquement surpeuplées, essentiellement de détenuEs issus des milieux populaires et d’étrangers en situation irrégulière condamnés à des courtes peines, une mesure de libération massive d’urgence s’impose !

Régularisation et égalité des droits pour toutes et tous : une urgence !

Partie intégrante de la classe ouvrière de France et de notre camp social, les travailleurs et travailleuses venuEs des quatre coins du monde ont mené des luttes courageuses, exemplaires et parfois victorieuses pour exiger leur régularisation et une véritable égalité des droits. SoumisES à un chantage permanent de la part du patronat qui refuse ou rechigne à faire les démarches permettant une régularisation, ils et elles sont des dizaines de milliers contraintEs à une quasi clandestinité et à une exploitation éhontée. Celles et ceux qui, par leurs luttes, ont su faire respecter leurs droits, ne sauraient cacher la forêt que constitue la masse des sans droits, des sans abris, sans protection sociale. Avec un certain cynisme, le gouvernement en appelle à la responsabilité générale et au télétravail, à domicile. Mais quid pour celles et ceux dont la profession ne le permet pas ? Quid pour les travailleurEs du bâtiment ? Quid pour les « femmes de ménage », pour les forçats de la restauration rapide, et bien d’autres ? Comment exercer un légitime droit de retrait lorsqu’on est travailleurE isoléE ? Comment faire respecter ses droits quand on galère pour ses papiers depuis des années ? Posons également le risque d’infection et de propagation du virus : comment les salariéEs les plus précaires, dont les migrantEs qui habitent le plus souvent loin des centres-villes et qui sont obligéEs d’utiliser des transports en commun, pourraient-ils ne pas être touchés directement par la propagation du virus ?Ce sont des questions urgentes et nous devons obliger le gouvernement à y répondre. C’est un combat majeur pour les anticapitalistes, et il faut en faire une priorité dans les combats actuels.Égaux, égales, personne n’est illégal !