Après la campagne et le vote sur le Brexit, le climat anti-migrantEs, déjà présent, s’est accentué...
Les attaques racistes se sont multipliées et Theresa May, déjà ministre de l’Intérieur à poigne sous Cameron, a durci sa politique contre l’entrée de réfugiés mineurs, contre un prétendu « tourisme médical », etc. Pourtant il existe une autre réalité qui fait rarement la une des journaux, celle de la solidarité.
Car comme ailleurs en Europe, des millions de personnes ont été choqués par les drames de la Méditerranée, les images venant de pays dévastés par la guerre, ou celles des fragiles campements. Une multitude d’associations et de groupes d’individus ont commencé à porter une aide concrète, notamment aux migrantEs à Calais. Mais cette solidarité s’est aussi manifestée par une opposition politique au gouvernement, aux expulsions et aux mesures anti-migrantEs draconiennes. Dès 2015, le mouvement a pris de l’ampleur avec des meetings et des manifestations énormes, comme celle de 100 000 personnes à Londres en septembre 2015.
Debout contre le racisme
Ce mouvement a commencé à se structurer bien plus depuis octobre dernier, avec la première conférence nationale de Stand Up to Racism (STUR – Debout contre le racisme), une organisation lancée en 2014. C’est à la fois un regroupement très large et très militant, qui lutte « contre le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme ». Comme Stop the War et d’autres coalitions unitaires, la direction de STUR est composée d’un large spectre de membres de la gauche britannique. La présidente est Diane Abbott, député travailliste d’origine antillaise et membre du petit groupe de parlementaires de gauche autour de Jeremy Corbyn qui s’est trouvé projeté à la tête du parti. Figurent aussi parmi la direction des représentantEs d’organisations juives et musulmanes ainsi que de la gauche révolutionnaire comme le SWP.
Impossible en quelques lignes de décrire la richesse de ce mouvement que nous présente leur site internet. On y trouve des articles et des vidéos qui retracent les activités menées à travers le pays, dont la participation au convoi humanitaire et politique de 250 véhicules jusqu’au campement de Calais en juin 2016, un convoi scandaleusement bloqué par le gouvernement Hollande. Une rubrique entière est aussi dédiée au matériel qu’il est possible de commander : tracts, affiches, pancartes, autocollants, badges, etc.
STUR tente aussi d’articuler la lutte antiraciste avec l’action dans les entreprises : une conférence syndicale nationale mais aussi des motions types à utiliser dans sa section syndicale pour adhérer à STUR ou soutenir telle ou telle initiative, ainsi qu’une vingtaine de modèles de badges et autocollants « Postiers/enseignants, etc. Debout contre le racisme ». Il y avait d’ailleurs un cortège de STUR le 4 mars dernier parmi les 200 000 personnes qui ont manifesté en défense du service de santé, pour refuser que les migrantEs soient les boucs émissaires de son état dégradé. Enfin, le site liste plus de 35 villes où des groupes organisent des activités, détaille l’activité sur les facs et relaie les concerts organisés par le réseau de musiciens « Love Music Hate Racism ».
18 mars, manifestation internationale
Depuis plusieurs mois, les antiracistes mobilisent pour la grande manifestation internationale du 18 mars appelée cette année par un arc de forces très large comprenant la confédération nationale des syndicats, le TUC. Les très fortes mobilisations en Grande-Bretagne contre Trump et contre son « Muslim ban » ont renforcé la détermination du mouvement. Des événements de toutes sortes ont lieu à travers le pays pour sensibiliser et mobiliser pour les manifestations le 18 à Glasgow, Cardiff et Londres.
Au même moment, le gouvernement de Theresa May prépare de nouvelles contre-réformes pour la santé, l’emploi et l’ensemble des droits conquis hier. Et pour les imposer, elle utilisera comme toujours le poison de la division par le racisme. Une réussite du 18 et le renforcement du mouvement antiraciste à travers le pays dans les mois qui suivront seront cruciaux dans la lutte pour la contrer.
Ross Harrold