Publié le Dimanche 17 avril 2016 à 12h52.

Russie : Leur plan, la fuite en avant...

Aujourd’hui, presque tout le monde en Russie sait qu’il ne faut croire ni les promesses ni les pronostics des autorités officielles.

Ainsi, en mars 2015, dans le contexte de hausse de l’inflation, le ministre des Finances Siluanov a déclaré avec assurance que « le pic négatif est passé et nous voyons des moments de stabilisation », et en décembre dernier, la présidente de la Banque centrale, Mme Nabiullina, a même déclaré qu’« il n’y a pas de crise dans le système bancaire »…

Ce flux infini de déclarations peut être expliqué partiellement par le souci de contenir la panique parmi la population. Il semble que l’élite de Poutine n’a pas vraiment de plan à long terme pour sauver l’économie du pays. Le cynisme sans limites de cette élite se combine étrangement avec une foi presque mystique en la « main invisible du marché », qui les sauvera comme dans les années 2000, quand les prix du pétrole ont augmenté et sont devenus un véritable cadeau du destin. Par conséquent, Poutine était tout à fait sincère quand, en décembre 2014, immédiatement après le « mardi noir » (lorsque le rouble s’est effondré de 15 points), il a déclaré que « la croissance est inévitable, notamment parce que la conjoncture économique extérieure va changer ».

Offensive libérale

En même temps, une autre logique est visible, une logique purement néolibérale : utiliser le ralentissement économique et l’appauvrissement de la population pour la promotion des « réformes structurelles », réduisant radicalement les standards sociaux et le coût de la main-d’œuvre dans le pays. Ainsi, selon les estimations des experts Vnesheconombank de l’État, l’absence de l’indexation et la dynamique continuent de réduire les revenus de la population et contribuent à faire que la part des bénéfices bruts dépasse la part des salaires, et ainsi à rétablir l’attractivité du pays pour les investisseurs.

On retrouvera la même logique dans les discussions sur une éventuelle privatisation à grande échelle des biens de l’État, comme la Compagnie des chemins de fer russes et une très grande «Sberbank ». Ce n’est pas par hasard qu’en mars 2016 à Moscou, la mission conjointe du FMI et de la Banque mondiale a salué la politique « anti-crise » du gouvernement russe.

Il est essentiel de noter que la recherche de nouvelles sources de revenus du gouvernement dans les conditions d’approfondissement de la crise et de la chute des prix du pétrole stimulera plus la militarisation de l’économie et, par conséquent, une politique étrangère agressive. Au cours des dernières années, les investissements massifs dans la production d’armes sont restés l’une des principales priorités du gouvernement, et le budget militaire en 2016 est augmenté à 4 % du PIB (0,8 % de plus que l’année dernière). L’opération militaire en Syrie, en plus des objectifs de politique étrangère, a clairement servi de publicité pour les dernières innovations militaires. L’un de ses résultats est le fait que l’Inde, l’Algérie et d’autres pays ont commandé les bombardiers et les hélicoptères militaires russes pour un montant total de 7 milliards de dollars...