« Nous assistons à la fin du faux État de Daech », a affirmé, la semaine dernière, le Premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi. La reprise de Mossoul serait une question de « jours ». Bagdad et la coalition internationale dirigée par les USA écrivent le récit de leur victoire, une victoire qui laisse un champ de ruines, la dévastation, une population dispersée, meurtrie, divisée.
De ce chaos émergent des potentats engagés dans des logiques de conquête au mépris des populations victimes de la guerre. La situation est tout aussi dramatique à Raqqa.
Si l’ambition de Daech d’établir un califat s’écroule, la dite victoire de la coalition n’est en rien une réponse à Daech, issu du chaos créé par des décennies de guerre contre les peuples. Elle perpétue et accentue ce chaos, justifiant ainsi la poursuite sous une forme ou sous une autre de la guerre dirigée par les grandes puissances afin de maintenir leur domination. C’est aussi ce qui se passe en Afghanistan, en Libye ou dans les pays du Sahel.
Une logique guerrière qui s’entretient d’elle-même
Nous ne sommes pas confrontés à un simple épisode ou un conflit localisé même à une région du monde aussi importante que le Moyen-Orient. Nous sommes bien devant une nouvelle étape de la décomposition des relations internationales, une guerre qui ne connaît pas de frontière ni de limite, un processus de déstabilisation des vieux États nationaux dont les bases mêmes sont sapées par le développement de la libre concurrence mondialisée avec, en retour, une montée sans précédent du militarisme.
L’interventionnisme des États de la région ou internationaux, conjugué aux politiques néolibérales – qui n’ont cessé d’appauvrir les classes populaires – et à la répression des forces démocratiques et syndicales, ont grandement contribué, et contribuent toujours, au développement de Daech.
La réponse est globale, internationaliste. La lutte contre le terrorisme et la lutte contre les guerres des grandes puissances sont deux facettes indissociables, une même lutte de classe contre l’offensive des classes capitalistes et leur état d’urgence ici, contre l’offensive contre-révolutionnaire dans le monde arabe.
Elle est fondée sur la solidarité entre les travailleurEs, les oppriméEs. Elle s’organise autour de revendications démocratiques contre la guerre, l’état d’urgence, pour les droits des migrantEs mais aussi sociales. Ses moteurs, ce sont la solidarité internationaliste, un vaste travail pour donner à la jeunesse ouvrière des raisons de lutter et de se battre, ici, sur terre et pour construire un nouvel ordre mondial démocratique, respectueux des droits des travailleurEs et des peuples.
Yvan Lemaître