Publié le Jeudi 26 juin 2025 à 18h00.

Salon du Bourget et résistance populaire contre tous les impérialismes

Face au salon mondial de l’armement organisé au Bourget, une mobilisation internationaliste et anticoloniale s’est tenue dans le 93, entre actions symboliques, répression policière et soutien populaire. Un contre-salon de solidarité, de musique et de luttes, porteur d’un autre horizon que celui des marchands de mort.

Le week-end des 21-23 juin, le Salon international de l’aéronautique et de l’espace accueillait au Bourget les plus grands vendeurs d’armes de la planète. Derrière ce nom aseptisé, il s’agit d’un gigantesque marché de la mort. Les armes qui y sont exposées sont celles qui tuent aujourd’hui dans les guerres impérialistes ou qui écrasent les peuples en lutte contre la répression. Cette année, en plein génocide à Gaza, l’État colonial israélien et plusieurs entreprises israéliennes y étaient présents pour vanter leur savoir-faire en matière d’armement « testé sur les populations ».

À l’appel d’une large coalition — Guerre à la guerre, syndicats du 93, organisations politiques, collectifs et associations — un contre-salon de résistance s’est tenu à proximité. Tout le week-end, des actions ont été organisées pour dénoncer le génocide en cours en Palestine, la complicité des gouvernements et l’impunité des fabricants de mort. Au-delà de l’opposition à la présence israélienne, il s’agissait bien de contester l’existence même de ce salon militariste, outil central de l’économie de guerre globale.

Une répression absurde et brutale

Le gouvernement français, hôte enthousiaste du salon, a quant à lui désigné une autre menace : les ballons aux couleurs de la Palestine que des manifestantEs prévoyaient de faire flotter symboliquement pendant la marche. Cette tentative poétique de réappropriation de l’espace aérien du 93 — saturé par les Rafale et les hélicoptères — a été sévèrement réprimée.

Les militantEs de la solidarité n’ont eu droit qu’à des gardes à vue et des accusations d’association de malfaiteurs. La police est allée jusqu’à pénétrer dans la Bourse du travail de Bobigny pour y enfermer les occupantEs, le temps de « neutraliser la menace » : comprenez, arrêter des militantEs et crever des ballons… Pendant ce temps, les marchands de guerre étaient reçus avec les honneurs.

Un internationalisme populaire

Malgré une chaleur écrasante, des milliers de manifestantEs ont défilé dans les rues du Bourget et de Drancy, rarement traversées par des cortèges. Tout au long du parcours, des habitantEs ont distribué de l’eau, des encouragements, et parfois même accompagné les manifestantEs. Le cortège était clôturé par un pôle internationaliste dynamique et joyeux, rassemblant le NPA, l’UCL, la campagne BDS, des militantes pour le Sahara occidental (Front Polisario), des soutiens aux résistances ukrainienne, kanak et vietnamienne. Une soixantaine de militantEs ont défilé derrière la banderole « Contre les guerres impérialistes / Pour la résistance des peuples ».

En parallèle, un village antiguerre s’est tenu dans un parc du Bourget, non loin de la Bourse du travail. Il a accueilli des stands militants, une scène, des repas, des concerts, des conférences et des projections. L’affluence modeste ne peut effacer sa réussite politique et populaire : les habitantEs du quartier se sont emparéEs de ce lieu pour échanger, se rencontrer, entendre un autre récit que celui imposé par les marchands d’armes. Un moment de calme, de solidarité et de lutte face au vacarme de la guerre.

Manon Boltansky