Publié le Mercredi 25 juin 2025 à 11h34.

Animaux humains ou non humains, un seul combat pour l’émancipation

Jusqu’alors, le NPA-l’Anticapitaliste ne portait qu’une attention indirecte aux animaux, à travers leur place dans des ensembles plus vastes à protéger (vivant, écosystèmes, biodiversité, nature…) ou la promotion de l’élevage dit paysan. Mais cette approche s’accommode mal des avancées en neuro­sciences et en éthologie, et ne permet pas de comprendre les ressorts de la domination subie par les animaux, ni de poser les conditions de son dépassement, dans une perspective d’émancipation qui n’oublie personne.

Que disent les sciences ? D’une part, qu’il n’existe pas de supériorité biologique de l’espèce humaine sur les autres, seulement des évolutions différenciées sans hiérarchie. D’autre part, que les animaux terrestres et aquatiques que nous exploitons sont, comme nous, des êtres sentients. Ils éprouvent des émotions, positives ou négatives, et sont capables, à des degrés divers, de percevoir leur environnement et leurs expériences de vie de manière personnelle, selon leur propre point de vue. Ce qui leur arrive leur importe.

Tout être sentient, humain ou non humain, possède donc une individualité et un intérêt à vivre. Le mouvement animaliste milite ainsi pour une égale considération de cet intérêt, indépendamment de l’espèce. Ceci ne signifie pas qu’il faille accorder les mêmes droits à tous les animaux, mais qu’il faut refuser qu’ils soient utilisés comme matière première, ressource alimentaire, objet de divertissement ou d’agrément, ou support de tests.

Libérer les animaux du capital

Puisqu’elle n’a pas de fondement scientifique, la différenciation opérée par la société entre les humains et les autres animaux ne peut être que sociale. Sont désignés comme « animaux » les êtres sentients considérés comme ayant des capacités inférieures et dont l’exploitation, l’appropriation ou la mise à mort sont jugées acceptables. Les frontières de ce groupe sont mouvantes : il peut inclure des individus d’autres groupes humains opprimés. C’est pourquoi il est vain de séparer la lutte contre l’exploitation des animaux de celle contre les autres formes d’exploitation et de domination présentes dans la société.

Bien des préjugés entretiennent cette différenciation purement artificielle, mais elle est avant tout le produit des rapports économiques fondés sur la propriété privée. Parler d’intérêt commun à vivre n’estompe pas les antagonismes de classe. Dans le capitalisme, l’exploitation des animaux n’est pas liée à la satisfaction des besoins humains (puisqu’on peut physiologiquement vivre sans produits issus des animaux), mais à l’expansion du capital dans sa recherche de profit. Les animaux, assujettis au capital par l’appropriation violente, brutale et directe de leurs existences corporelles, transformés en marchandises, ont donc eux aussi un intérêt à s’en libérer.

Un héritage révolutionnaire

Or la lutte pour la fin de l’exploitation animale reste un angle mort majeur du mouvement social contemporain. Il n’en a pas toujours été ainsi. Dès le milieu du 19e siècle apparaît, au sein du mouvement révolutionnaire en Europe, une préoccupation pour le sort des animaux, ouvrant la voie à l’antispécisme d’aujourd’hui. Ce mouvement radical naît en réaction à la vivisection, à la tauromachie ou à l’industrialisation capitaliste de l’oppression des animaux, dont les abattoirs modernes, comme ceux de Chicago aux États-Unis, sont l’exemple. Ce sont ainsi des militantEs qui s’engagent, par leurs écrits ou leurs actions directes (interruptions par la force de vivisections publiques), pour les animaux non humains, comme Louise Michel, Marie Huot ou Élisée Reclus en France.

La question animale, qui peut sembler secondaire au premier abord, traverse aujourd’hui l’ensemble de la société, en écho aux actions visibilisant la réalité des abattoirs. Il importe de ne pas laisser ce terrain aux courants bourgeois et réactionnaires. Le sujet intéresse notamment l’extrême droite, qui l’instrumentalise pour servir son agenda islamophobe (revendications contre l’abattage rituel, par exemple). Il est vital de se démarquer d’une partie du mouvement animaliste qui revendique une position transpartisane : l’émancipation des animaux ne se fera pas avec des partis qui veulent intensifier les formes d’exploitation et de domination humaines et ruiner les droits démocratiques.

Dans la continuité des premierEs militantEs ayant articulé lutte des classes et libération animale, il s’agit désormais, pour le NPA-l’Anticapitaliste, d’intégrer les animaux à son combat contre un système capitaliste qui a porté la violence exercée contre eux à un niveau inégalé. Parce que c’est ce même système qui exploite les animaux humains et non humains, la lutte pour la libération des autres animaux participe pleinement de la transformation révolutionnaire de la société, dont le NPA-l’Anticapitaliste se veut l’outil. Notre tâche est d’œuvrer sans plus tarder à cette prise de conscience.