Sans attendre la journée du 29 septembre, les grèves et débrayages pour les salaires se multiplient à PSA-Stellantis.
Vendredi 16 septembre, à PSA Hordain (ex-PSA-Sevelnord) dans le Nord – une usine de 2 400 ouvrierEs où on produit des utilitaires comme la Peugeot Expert –, 500 ouvrierEs sur trois équipes se sont mis en grève pour revendiquer l’embauche des intérimaires en CDI et une augmentation de salaire : pas moins de 400 euros par mois et 6 000 euros de prime défiscalisée.
Sans sous, pas de bagnoles !
La grève s’est poursuivie dimanche soir et lundi matin. Lundi midi, elle a été reconduite par les grévistes en assemblée générale jusqu’à mardi 5 h 30. La production a été bloquée.
Mobilisation également dans deux autres usines du nord de la France : samedi 17, à PSA Douvrin (usine de fabrication de moteurs) et lundi 19 à PSA Valenciennes (boîtes de vitesses), des dizaines de salariéEs ont débrayé pour les salaires, ce qui a ralenti voire paralysé la production sur les deux sites. Dès le vendredi 16, la CGT PSA, par la voix de Jean-Pierre Mercier, appelait à étendre la grève à tous les sites PSA.
Par peur de l’extension et pour briser la grève, la direction de PSA du site de Poissy n’a pas hésité à demander aux ouvriers, dès ce lundi matin, d’aller remplacer au pied levé les grévistes de PSA-Sevelnord à Hordain.
Une prime exceptionnelle... pour mieux bloquer les salaires
C’est que la direction de PSA (désormais Stellantis) est sous pression : cela fait des semaines qu’elle et ses syndicats complaisants font courir le bruit auprès des ouvrierEs d’une prétendue prime exceptionnelle, qu’évidemment personne ne voyait venir.
Trois jours à peine après le début de la grève de PSA Hordain, la direction annonçait une réunion le mardi 27 septembre pour parler… d’une prime exceptionnelle. Une possible prime qui sera vite dévorée par l’inflation et, surtout, qui ne règlera rien dans la durée (quel que soit son montant qui se réduisait au fur et à mesure des différentes rumeurs). Certains craignent même à juste titre qu’elle ne soit au mieux qu’une avance sur la prime d’intéressement-participation du printemps 2023. Mais elle est au moins la preuve que la grève inquiète la direction. Raison de plus de l’étendre et ne rien céder sur les revendications !
Un patronat qui sent monter la colère
Force est de constater, comme le fait le journal les Échos du 16 septembre, que les patrons de l’automobile sentent monter la rage du côté des ouvrierEs et essayent de désamorcer la bombe. Rien que chez les sous-traitants et équipementiers : Michelin a augmenté à deux reprises ses ouvrierEs, 3,75 % en janvier, 3 % en juillet, et versé 600 euros de prime exceptionnelle en mars. Valeo a accordé 850 euros de prime en septembre. La semaine dernière, la quasi-totalité des 185 salariéEs d’Eurostyle de Lieu-Saint-Armand, sous-traitant de PSA Hordain, étaient eux aussi en grève : ils ont obtenu 400 euros de prime défiscalisée (le double de ce que proposait initialement la direction), les heures de grève payées, une journée d’ancienneté supplémentaire.
Toutes ces primes et augmentations pèsent bien peu par rapport aux réels besoins des travailleurEs, mais tout le monde constate que c’est plus que d’habitude.
Et PSA-Stellantis a les moyens : les actionnaires viennent de racheter pour 920 millions d’actions Stellantis à General Motors pour les détruire et faire monter le cours de l’action. Avec une telle somme, partie en spéculation, il y aurait de quoi concéder 2 300 euros aux 400 000 salariéEs du groupe, embaucher des intérimaires en CDI ou créer des postes. Car avec 13,6 milliards de profits en 2021 et 8 milliards de profits rien que pour le premier semestre 2022, PSA a largement de quoi augmenter tous les salaires.
À Renault aussi des débrayages ont eu lieu la semaine dernière pour réclamer des hausses de salaires. Ces premiers débrayages et défilés dans les ateliers sont de fait un signal envoyé à touTEs : avant la journée du 29, et pour la préparer, les ouvrierEs de l’automobile pourraient entrer en action.