Quelle est la situation des jeunes aujourd’hui ?
Les moins de 25 ans sont aujourd’hui fortement confrontés à la précarité et à la misère. Cette génération qui n’a vécu que sous le signe de la crise économique ouverte en 2008 en a également été l’une des principales victimes. Plus d’un jeune non étudiant ou lycéen sur quatre est confronté au chômage (25,8 %), en 29e position sur les 35 pays de l’OCDE, quand une partie toujours plus importante est condamnée à la précarité (plus de 80 % des embauches aujourd’hui sont des contrats précaires). Pour les jeunes « actifs » ayant terminé leur formation, le salaire moyen mensuel du premier emploi s’élève à 1 180 euros (contre 2 225 euros net pour le salaire moyen de tous les actifs) et occupent huit fois sur dix un emploi précaire (CDD, intérim, contrats aidés). 23 % des jeunes de 18 à 24 ans vivent sous le seuil de pauvreté et la moitié des 9 millions de pauvres en France ont moins de 30 ans. Une précarité qui touche aussi la jeunesse étudiante, qui voit plus de 50 % de ses effectifs dans l’obligation de travailler en parallèle pour survivre.
Quel est le programme des principaux candidats ?
Face à cette situation qui se dégrade d’année en année, les principaux favoris pour l’élection présidentielle ne proposent que l’approfondissement de la misère. Travailler plus pour gagner moins, plus de contrats précaires, sans compter que leurs mesures feraient exploser le chômage. Fillon veut généraliser l’apprentissage et le déréguler, pour écarter définitivement les jeunes des classes populaires des études. Macron veut maquiller la précarité et la surexploitation à travers l’« auto-entrepreneuriat ». Et, de Le Pen à la gauche institutionnelle, la tendance est à la mise au pas patriotique, jusqu’au trucage des programmes scolaires au profit du « récit national », aux uniformes et au service civique, voire militaire...
Pourquoi un salaire d’autonomie ?
Nous proposons la mise en place pour tous les jeunes d’un salaire d’autonomie à hauteur du SMIC, pour que tous les jeunes qui le souhaitent puissent accéder aux études, et dans de bonnes conditions. C’est aussi une condition pour que les jeunes puissent enfin déterminer par eux-mêmes leur orientation, leurs choix de vie, contre la mise en dépendance actuelle envers les familles, le patron dans le cas de l’apprentissage, ou l’État avec des bourses de misère et dont on ne maîtrise pas la gestion, le versement, etc. Ce salaire d’autonomie doit être financé par les cotisations patronales et géré par les jeunes eux-mêmes, en lien avec les organisations de travailleurs et dans le cadre général de la solidarité intergénérationnelle qui régit aussi le versement des retraites. Dans le même temps, pour les jeunes qui choisissent de travailler, aucun ne doit être rémunéré à moins que le SMIC, et ils doivent avoir droit à autant de vacances et de temps de loisir que les jeunes scolarisés.
Quel est notre programme pour les lycées et l’enseignement supérieur ?
Il faut commencer par abroger toutes les lois qui ont mis en place l’autonomie des universités depuis les années 1990 qui a conduit à l’instauration de l’austérité budgétaire, dégradant les conditions d’études et augmentant de fait la sélection à l’entrée. D’autre part, cela a consisté à faire entrer des représentants des grandes entreprises et du Medef dans les conseils d’administration des universités, qui ont désormais leur mot à dire sur le contenu des formations. En ce sens, il faut stopper les fusions d’universités qui sont en cours, soutenues par tous les grands candidats, et contre lesquelles luttent de nombreux étudiantEs et travailleurs des universités. Il faut augmenter les budgets à hauteur des besoins, pour embaucher, construire les infrastructures nécessaires à l’accueil de tous ceux qui veulent étudier, et donner une autonomie pédagogique, pour des formations décidées par les étudiantEs, les professeurs et les travailleurs des universités, en fonction des besoins de la population. Sur les lycées, il faut revenir sur les réformes qui ont réduit les budgets, supprimé des postes de profs, fait reculer la diversité des contenus au profit de notions de « compétences » ou de « socle commun » minimal. Les lycéens doivent avoir le droit de se réunir sur leurs établissements, d’afficher, de s’exprimer.
Quel avenir pour la jeunesse ?
Une indépendance matérielle et morale, un enseignement public, critique et gratuit : ce sont ici les deux conditions indispensables pour notre projet plus large d’émancipation de la jeunesse. Dès 16 ans, nous pouvons travailler, alors nous devons pouvoir nous émanciper de la tutelle de nos parents : voter, choisir ses études, son métier, son orientation sexuelle, ce que l’on veut faire de sa vie. Pour la jeunesse, et les jeunes travailleurs en particulier, nous revendiquons le droit à la culture et aux mêmes vacances que tout jeune scolarisé. Enfin, nous revendiquons la légalisation totale du cannabis, dont la consommation est le principal prétexte pour justifier l’oppression policière, particulièrement dans les quartiers populaires. Nous refusons d’être une jeunesse docile qui marche au pas et une variable d’ajustement pour les patrons qui tirent les conditions de travail vers le bas. Face au retour de l’ordre moral, aux discours patriotiques, nos mesures pour la jeunesse sont le support pour une jeunesse émancipée, libre de ses choix, une jeunesse subversive qui remette en cause la société actuelle et pose la question de son renversement.