Cette élection présidentielle semble complètement imprévisible, chaque semaine apporte ses nouveautés...
Après avoir sorti Sarkozy et Juppé, François Fillon se retrouve emporté par les affaires de détournement de fonds publics. Après Hollande, c’est Valls qui a dû jeter l’éponge. Le Pen et Macron semblent surfer sur les difficultés des partis dominants, le PS et Les Républicains, mais les magouilles du FN au Parlement européen et le mystère qui entourent le financement de la campagne Macron risquent également de les rattraper. Enfin, Mélenchon, avec le soutien du PCF, mène une campagne autocentrée et aux accents résolument chauvins, semblant tourner le dos à l’histoire du mouvement ouvrier et à l’internationalisme pour se donner une image respectable.
Cette élection donne une impression de fin de règne. Beaucoup de travailleurEs sont dégoûtés ou désorientés. En organisant des primaires, le PS et LR ont tenté de pousser la 5e République à son extrême, en focalisant tous les débats autour de la présidentielle, et ils se sont retrouvés piégés à leur propre jeu. Les institutions sont à bout de souffle, elles ne parviennent pas à concilier politiques antisociales, racistes et autoritaires, et expression démocratique. Nous sommes devant de nouveaux grands bouleversements, mais on ne sait pas encore si cela produira du positif, en écho aux grandes mobilisations contre la loi travail, ou au contraire une accélération des processus antidémocratiques et antisociaux.
La situation actuelle est en grande partie le résultat du quinquennat catastrophique de Hollande. On croyait avoir tout vu sous Sarkozy, mais force est de constater que le gouvernement Hollande a accéléré brutalement les attaques contre les classes populaires. (…)
Le Front national a le vent en poupe
Le fiasco complet des partis de gouvernement, l’absence d’une opposition à gauche visible et audible ont ouvert la porte à Emmanuel Macron et au Front national. Le premier, banquier d’affaires, promeut le « chacun pour soi » et tente d’effacer le clivage entre les classes sociales. Mais l’indigence de son programme apparaît chaque jour plus évidente.
Avec le développement de la crise du capitalisme et l’accentuation du racisme et de l’islamophobie, le Front national a le vent en poupe. Ses scores électoraux sont de plus en plus élevés depuis une vingtaine d’années et il a gagné plusieurs municipalités. Dans celles-ci, il montre son vrai visage, en licenciant dans les services publics, en combattant les syndicalistes et le tissu associatif, en développant les discriminations et renforçant la ghettoïsation de certains quartiers.
Le FN se construit sur le désespoir, la faiblesse du mouvement ouvrier, la réduction des repères politiques en termes de classes sociales. Il défend l’idée que pour sortir de la misère sociale, il faudrait être unis derrière la nation, chasser ou surexploiter les immigréEs, avoir une politique économique isolant du reste du monde. Sauf que dans ce schéma, les travailleurEs se retrouvent encore plus divisés face à leurs exploiteurs.
Le FN prétend défendre les classes populaires et être « antisystème », mais la réalité de son programme est une opposition complète aux intérêts des travailleurs. Il s’oppose d’ailleurs à l’augmentation du SMIC, il est favorable aux cadeaux aux patrons (diminution des cotisations sociales…), s’oppose à la Sécurité sociale, aux services publics… Ce parti est une menace contre les syndicats, les libertés, les immigréEs, les droits des femmes et des LGBTI. (…)
Un quinquennat de résistances
Contre la droite et le Front national, nous défendons l’unité la plus large de toutes les organisations, les courants du mouvement ouvrier. Cependant pour arrêter complètement le FN et ses idées, qui se répandent en réalité à l’intérieur de nombreux partis, il faudra en passer par la destruction des raisons de sa progression : la crise du système, les plans d’austérité, les licenciements, le chômage, la misère, etc.
Pour cela, nous défendons un programme de rupture avec le capitalisme, que nous présentons dans cette brochure. Mais nous voulons aussi nous appuyer sur les mobilisations, sur la colère qui s’est exprimée contre cette société pendant les derniers mois. Car le quinquennat de Hollande a été aussi marqué par des résistances : la mobilisation contre la loi travail, avec les grèves, les manifestations et Nuit debout, les salariéEs mobilisés contre les licenciements et la répression, chez Air France, Goodyear et tant d’autres, les mobilisations contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou la COP21…
Il y a urgence à ce que ces résistances renversent la vapeur. Il y a urgence à imposer d’autres politiques, qui passent par une rupture avec l’austérité, avec les politiques pro-patronales, avec l’Union européenne, avec le racisme qui gangrène toute la société, avec le productivisme qui accélère la catastrophe climatique. (…)