Le concept de centre de santé, coordonnant différents services d’hygiène, de prévention, de soins et de service social, est apparu au début des années 1900, souvent à l’initiative de municipalités...
L’objectif était de répondre à des besoins de santé publique, de prendre en charge la prévention, les soins pour des populations souvent en difficulté économique et sociale. Ces structures se sont toujours heurtées au monde de la médecine libérale, qui dans sa majorité leur est hostile, y voyant des concurrents subventionnés employant des professionnels de santé salariés.
À côté de ce type de centre de santé sont apparues des structures avec des gestionnaires divers : mutuelles, associations, comités d’entreprise.
Les difficultés d’accès aux soins, qu’elles soient d’ordre financier en raison de dépassements d’honoraires, ou géographiques avec l’extension des déserts médicaux, ont fait ressurgir la nécessité de formes d’exercice regroupé des professionnels de santé, certes en recréant des centres de santé dans certaines régions, mais également en favorisant par des mesures incitatives le regroupement de libéraux dans des Maisons de santé pluri-professionnelles.
Au fil du temps, le concept de centre de santé a changé de nature. Des cabinets de consultants ont mis au point un modèle économique de centre de santé qui permet un équilibre financier à condition de combiner certaines spécialités médicales très productrices d’actes techniques rémunérateurs plutôt que de consultations.
Le marché a pris le dessus...
Ce modèle, plus orienté dans la recherche de l’équilibre économique que dans la réponse aux besoins de santé d’une population, a été mis en application dans certains centres de santé gérés par des mutuelles, des associations, allant même jusqu’à la création de centres dits « low cost », notamment dans le domaine dentaire où les techniques de gestion, de management et de soin, ont abouti à des pratiques douteuses.
Les dérives marchandes de certains, aidées par un système de distribution de soin qui rémunère les structures et les professionnels de santé au nombre d’actes effectués, ont éloigné les centres de santé de leurs objectifs de santé publique et d’une prise en charge globale des individus dans leur environnement géographique, biologique, économique et social.
Fort de la montée en puissance des assurances complémentaires encouragées par le gouvernement socialiste et sa loi sur les réseaux de soins, le marché a pris le dessus. Il s’est emparé de ces structures, devenues des entreprises de production d’actes de soin, éloignant un peu plus cette possibilité d’un service public de santé libéré du poids des objectifs de rentabilité et consacré au bien-être et au bien-vivre des populations. Pourtant les centres de santé pourraient être des postes avancés de ce service public, proches des populations, adossés à des structures hospitalières et complémentaires des cabinets de ville.
Fred Albi
Secteur 2 : dépassements d’honoraires contre accès aux soins
En 2010, un médecin sur quatre en moyenne exerçait en secteur 2 à « honoraires libres » et facturait des compléments d’honoraires non remboursés par l’assurance maladie.
Cette proportion est nettement plus élevée parmi les médecins spécialistes, avec plus de 4 médecins sur 10. Un chiffre qui varie selon les spécialités : 58 % pour les chirurgiens libéraux, plus de 50 % pour les ORL, ophtalmologues ou gynécologues...
Le dépassement moyen facturé est ainsi passé de 25 % à 54 % entre 1990 et 2010.
(Source CNAM)