Publié le Lundi 8 octobre 2018 à 10h19.

Un exemple de restructuration : dans le 93, le démantèlement de l’AP-HP

À l’AP-HP, depuis plusieurs années, les « économies » se réalisent en fermant des établissements et des services, mais surtout en taillant brutalement dans les effectifs hospitaliers. En 2009, cette politique a abouti au regroupement, au sein de 12 GH (Groupes hospitaliers) des 37 hôpitaux qui composent l’institution.

En Seine-Saint-Denis, les hôpitaux René-Muret, Jean-­Verdier et Avicenne forment le Groupe hospitalier universitaire Paris-Seine-Saint-Denis. 

Suppressions de postes et de services

Plusieurs centaines de postes ont disparu au cours de sa mise en œuvre. Récemment encore, les syndicats ont tenté, en vain, de mobiliser contre la décision de fermer 70 postes de soignantEs.

Après le transfert des services d’oncologie, de chirurgie ambulatoire, de chirurgie digestive et de stérilisation, de Jean-Verdier vers Avicenne, voilà que la radiologie interventionnelle, les services d’hépato-gastrologie et d’endocrinologie arrivent également sur Avicenne.

Aujourd’hui, à Verdier, la maternité et la pédiatrie sont sur la sellette, mais les 55 millions d’euros de travaux nécessaires au transfert vers Avicenne ne sont pas encore réunis. À terme, la fermeture de ces services de proximité n’est pas exclue, malgré les besoins de la population qui vit dans un département particulièrement démuni et peut être qualifié de désert médical.

Vidé de sa substance, Jean-­Verdier sera réduit à des services de consultations spécialisées, premier recours avant une éventuelle prise en charge hospitalière à Avicenne. Ce dispensaire remplacerait donc l’hôpital actuel de Bondy.

Alors que le service de bariatrie, tout ce qui concerne l’obésité, de Jean-Verdier, était en pole position sur le territoire pour sa qualité des soins, il est passé à la 24e place depuis sa fusion avec celui d’Avicenne.

Toujours plus d’économies

Les personnels qui n’ont pas pu ou pas voulu venir travailler à Avicenne sont redéployés dans d’autres services, sans lien avec leur expertise professionnelle, acquise au fil des années. Les postes ferment, dilapidant des compétences et nourrissant ­frustration et tensions.

Alors que le premier bébé-­éprouvette, PMA, est né à Jean-Verdier, que l’inventeur de la cœlioscopie travaillait en hépato-gastro-­entérologie, que le service de néonatalogie est une référence sur la mort subite du nourrisson, rien n’y fait pour les décideurs. Pour eux, cette excellence au service des citoyenEs ne vaut rien face à leur seul objectif d’amélioration continue de la « trajectoire financière », imposée par des politiques qui n’ont de cesse d’attaquer le service public. À Bondy, on brade même le patrimoine foncier : près d’1,5 hectare « libéré » en raison des fermetures de services, quand Avicenne est à l’étroit…

Le sort fait à ces hôpitaux est une illustration de la restructuration d’ampleur entreprise par Hirsch, le directeur général de l’AP-HP. La casse continue, avec la décision de passer de 12 GH à 3 supra-GH, des méga structures administratives, afin d’avoir plus de possibilités de fermer des services et donc de supprimer des postes ! Un outil concret pour la mise en application de la loi santé de Macron qui annonce la refonte de la carte hospitalière.