Après le temps de la lutte contre le Covid, sans moyens et sans protection, après les annonces du « Ségur » de la santé, de quoi les mois qui viennent seront-ils faits ? C’est la question qui partout se pose en cette « rentrée ». L’inquiétude monte dans les services hospitaliers, alors que l’épidémie est en plein essor et que les hospitalisations repartent à la hausse. Au quotidien, malgré la revalorisation des salaires, c’est le retour au « monde d’avant » : austérité, pénurie de personnel et gestion d’entreprise.
En ce début septembre, le nombre de contaminations par le Covid explose. Les carences des moyens de dépistage pour enrayer l’épidémie éclatent. Même si pour l’instant le nombre de patientEs hospitalisés reste modéré, il repart à la hausse. La question n’est plus de savoir s’il y aura une « deuxième vague » de patientEs Covid dans les établissements hospitaliers, mais dans quels délais, quelle sera son ampleur et quels moyens auront les équipes pour y faire face.
Les personnels ont pu un peu récupérer. Les stocks de matériel de protection et de moyens de réanimation ont été reconstitués, même si des tensions subsistent toujours. Les équipes ont surtout tiré les leçons de la dure expérience du printemps et sont mieux préparées à faire face. Mais l’été a montré que face à une recrudescence de l’épidémie dans certains départements, le système hospitalier pouvait être, à nouveau, très vite débordé. C’est ce qui s’est produit au Centre hospitalier de Laval (Mayenne) où, depuis le 19 août, les personnels du service accueillant les patients Covid sont en grève, rejoints par la gériatrie le 26 août. Ils et elles réclament des recrutements permanents pour remplacer les renforts temporaires qui leur avaient été accordés et sont repartis. La direction refuse en raison des contraintes budgétaires, et, dit-elle, de son incapacité à recruter.
Les lendemains du « Ségur »
Les lendemains de l’accord du « Ségur de la santé », signé en juillet par trois organisations syndicales, ne suscitent pas l’euphorie. Les augmentations de salaires, arrachées par la mobilisation des hospitalierEs et de leurs soutiens, avec notamment la grande mobilisation du 16 juin, sont les bienvenues. Mais rien ce ce qui concerne le point qui était au centre des revendications : les recrutements indispensables pour permettre à l’hôpital et aux EHPAD de remplir leurs missions et aux personnel de travailler dans des conditions acceptables ne sont toujours pas là. Pire, rien n’annonce le bout du tunnel, au contraire.
Aucun calendrier précis et financé de créations d’emplois n’est annoncé. Ce qui est concret et immédiat c’est l’accroissement, accepté par les signataires (CFDT, FO, UNSA), de la flexibilité, et la mise en cause, de fait, des 35 heures. Les salariéEs en prennent conscience. Nos correspondantEs dans les établissements font état de discussions sur la possibilité de « s’offrir » un temps partiel, en profitant des augmentations de salaire. En un mot de diminuer le temps passé au travail et sa pénibilité… en renonçant à avoir un salaire plus élevé.
Partout la gestion pure et dure reprend le dessus, tandis que les Agences régionales de santé et les directions poursuivent les restructurations, regroupements et fermetures de services. Signe des priorités de ce gouvernement : le Journal officiel du 4 septembre publie un décret « relatif aux mesures d’accompagnement en cas de suppression d’emploi dans la fonction publique hospitalière », un véritable bras d’honneur aux hospitalierEs qui revendiquent les milliers de créations de postes indispensables.
Cassée par la signature de l’accord du Ségur, la fatigue et les difficultés pendant l’été, la mobilisation est donc, à nouveau, la seule voie qui s’ouvre aux hospitalierEs en cette rentrée, au côté des autres salariéEs. Une nouvelle fois, la faiblesse du syndicalisme hospitalier, doublée de l’absence de réelle volonté de mobiliser de la part de ses principales directions, compliquent la tâche, mais la dynamique de la mobilisation de juin de la lutte des personnels et de ceux qui les soutiennent peut vite renaître. L’échéance du 17 septembre doit permettre de relancer le mouvement.