L’existence d’un chômage de masse, au côté de la précarisation des emplois, est destructeur pour toutes celles et ceux qui les subissent.
Dans toutes les entreprises, les salariéEs qui ont subi une fermeture de site ou un licenciement portent le désarroi qui frappe celles et ceux qui ont vu leurs moyens d’existence mis en péril. Partout la menace du chômage pèse sur la conscience, la combativité de celles et ceux qui subissent les diktats patronaux. Autant de raisons qui justifient de placer la bataille contre le chômage au centre des batailles sociales.
Interdire les licenciements
Nos « réponses » doivent donc être au niveau de ces enjeux en prenant en compte l’ampleur des mobilisations qui doivent permettre d’« obtenir satisfaction ». L’interdiction des licenciements est une mesure anticapitaliste qui peut servir de fil conducteur aux mobilisations partielles.
Les grandes luttes contre les fermetures de sites et les licenciements massifs se sont, au mieux, soldées par des succès toujours provisoires, plus ou moins partiels. L’emblématique lutte des Lip a pendant plusieurs années illustré la capacité de résistance des travailleurs/euses en même temps que celle de prendre leurs affaires en main. Celles des Goodyear, des Conti, des PSA, dans un tout autre contexte, ont aussi mis en évidence cette capacité de résistance de milliers de travailleurs/euses, tout en se soldant par la fermeture des sites et la perte d’emplois d’une majorité de salariéEs. Les luttes de la SBFM, des Fralib, des Ford, ont permis le maintien d’un nombre plus ou moins significatif d’emplois, mais avec un sentiment de menace permanente au-dessus des têtes de toutes et tous.
L’autre aspect est l’absolue nécessité de défendre l’interdiction de tous les licenciements. Comme le montre les statistiques, les plans sociaux ne fournissent qu’une faible part des licenciements au milieu des licenciements individuels pour « faute », incapacité, etc. ou des ruptures conventionnelles. Il s’agit donc bien d’interdire tous les licenciements, que les entreprises fassent ou non des profits.
Mais l’interdiction des licenciements ne signifie pas défendre toutes les productions ou interdire les évolutions technologiques. Les productions nuisibles ne correspondant à aucun besoin social, celles qui sont un danger pour l’environnement et/ou les salariéEs doivent être supprimées en assurant une continuité d’emploi pour les salariéEs.
En tout état de cause, le droit à l’emploi exige, comme première mesure, que soit mis fin aux contrats précaires (CDD et intérim), qui ne servent qu’à ajuster au plus près les effectifs à une mission, à la semaine, voire au jour. Le CDI doit être la norme en matière d’emploi.
Réduire le temps de travail
La suppression du chômage passe inévitablement par la réduction massive du temps de travail. Comme le montre Michel Husson (en entretien dans ce dossier), « Imaginons, pour simplifier, une société où 70 % des salariés travaillent 40 heures par semaine, 20 % à 20 heures et où 10 % sont au chômage. La durée moyenne du travail calculée sur les seules personnes en emploi est d’un peu plus de 35 heures ».
Évidemment une telle solution se heurtera à l’opposition acharnée d’un patronat dont le seul horizon est le profit et sera plus facile à mettre en place un tant soit peu dans la durée si elle s’étend à l’échelle internationale. Pour surmonter cette opposition et étendre la réforme au-delà d’un pays, une mobilisation des travailleurs sera nécessaire.
Mais cela met en lumière les conditions de la bataille immédiate pour la réduction massive du temps de travail : sans perte de salaire ni accroissement des charges de travail. Cela est décisif, car ces contreparties accordées pour les lois Aubry ont gravement nui à l’idée même de réduction du temps de travail.
Dans le même temps, l’arrêt des suppressions de postes dans le secteur public et les milliers d’embauches et de création de postes indispensable à l’hôpital, dans l’Éducation nationale et dans bien d’autre secteurs (enfance, 3e âge, réseaux de distribution, etc.), complètent la possibilité d’une répartition du travail socialement utile entre toutes les mains.
Dans le même temps, la réduction massive du temps de travail contraint libérera du temps pour les autres activités humaines (culture, art, activités physiques, jeu, etc.), dont la participation à la vie politique locale et/ou nationale qui ne saurait rester l’affaire de spécialistes...