Publié le Mercredi 8 février 2017 à 11h29.

Les transports au cœur de la crise climatique

Pourquoi cela ne peut plus durer ?

Les transports produisent près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète. Des mesures drastiques s’imposent d’autant plus que la demande de mobilité s’accroît fortement. L’allongement de la distance domicile-travail, la suppression des services publics en campagne ou zones périurbaines, la pratique des loisirs, font que nous circulons de plus en plus.

Alors qu’une modification de la politique des transports est indispensable, les gouvernants de tous bords privilégient le développement du tout-voiture et du tout-camion qui ne fera qu’aggraver la situation déjà alarmante. Les entreprises du BTP, les constructeurs de véhicules et les transporteurs routiers sont favorisés, au détriment de l’environnement et du climat – épuisement des ressources du sous-sol (extraction de granulats, sable…), pollution des sols, de l’eau, de l’air (48 000 morts prématurés par an) – mais aussi au détriment des plus pauvres qui ne peuvent pas payer les déplacements dont ils ont besoin.

Ce sont pourtant les mêmes gouvernants qui se vantent médiatiquement d’avoir signé l’accord « historique » de Paris sur le climat. Des guignols qui nous mènent à la catastrophe !

Quelles mesures d’urgence prendre ?

Instaurer la gratuité des transports en commun de proximité qui apporte une réponse efficace au déplacement de tous et toutes, sans discrimination de revenus, de façon moins néfaste à l’environnement. Plus encore s’ils sont nombreux, fréquents et publics, y compris dans les zones rurales. Pendant les pics de pollution, la gratuité est appliquée car elle incite à utiliser les transports collectifs, donc diminue l’utilisation de la voiture. Pourquoi alors seulement au moment des pics, alors que la pollution chronique est tout aussi néfaste ? Le constat de toutes les villes et agglomérations qui l’ont mise en place est le même : la gratuité, ça marche !

Rouvrir les gares et les lignes de chemin de fer. La politique du « toujours plus vite » favorisant les lignes ultra rapides (TGV, LGV) a siphonné les budgets de la SNCF, fait disparaître les gares et les lignes secondaires qui permettaient de circuler sur tout le territoire. La reconversion de l’industrie automobile vers des moyens de transports plus collectifs et moins polluants doit être engagée. Aller vers 100 % d’énergie renouvelable exige qu’on abandonne la fuite en avant dans les énergies fossiles. Pas de demi-mesure !

Construire des voies de circulation sécurisées en nombre pour les vélos et la marche à pied. Ça ne peut concerner tous les déplacements (pas facile quand on embauche à 5h ou termine à 21h), mais la sous-utilisation des vélos ici est manifeste, en comparaison de ce qui se passe aux Pays-Bas ou en Allemagne.

Que faire du trafic des marchandises ?

Aujourd’hui, 85 % du trafic mondial se fait par la mer, avec des salariés sur­exploités, véritables forçats des mers. En France, les marchandises circulent à 85 % sur la route, 9 % sur les rails, 2,3 % sur les fleuves. Or, le volume de fret de marchandises transportées va être multiplié par quatre d’ici 2050 (prévisions du Forum international des transports, organisme rattaché à l’OCDE). Donc les problèmes afférant (collisions, capacités portuaires augmentées, prolifération des camions, pollution…) vont encore augmenter.

Pour stopper cette évolution climaticide, il faut diminuer la production de marchandises sans rapport avec les besoins, relocaliser les productions pour cesser les va-et-vient des marchandises à travers le monde. De plus, il faut accorder la priorité au rail et au fleuve.

Comment financer ces mesures écologiques et sociales ?

C’est possible en augmentant le versement transport des entreprises, en réorientant les budgets « transports » des collectivités et de l’État – budgets accaparés aujourd’hui par les voitures et les camions (parkings, autoroutes, rocades…) au détriment du fret ferroviaire et fluvial, des bus, du vélo, de la marche à pied – et en instaurant des politiques élaborées, discutées, contrôlées par les usagerEs à partir des questions : quoi produire ? Où ? Comment ?

Le 26 janvier, le ministère des Transports a (encore) confirmé un plan d’investissement autoroutier de 800 millions d’euros portant sur une cinquantaine d’opérations qui s’ajoutent à la vingtaine de chantier déjà annoncés durant l’année 2015 par Macron... Il faut stopper tous les Grands projets inutiles imposés qui visent le toujours « plus vite, plus loin » cher au productivisme, qu’ils s’imposent comme aéroport à Notre-Dame-des Landes, comme autoroute à l’est de Rouen, comme LGV entre Limoges et Poitiers, comme canal vers le nord de l’Europe, etc. Ces grands travaux destructeurs de terres agricoles et de milieux naturels sont inutiles aux populations et ne correspondent pas à l’organisation de la société que nous défendons.

Il faut construire les convergences entre toutes celles et ceux qui se battent sur le terrain pour sortir de la logique capitaliste dans les transports. Les luttes existent partout, coordonnons-les pour gagner !