Publié le Mercredi 7 juillet 2021 à 14h41.

Conférence nationale présidentielle du NPA

Durant deux semaines, les militantEs du NPA se sont réunis dans des assemblées générales locales pour discuter de l’orientation, du profil et de la candidature de notre organisation à la présidentielle de 2022. Les 26 et 27 juin, une réunion nationale a eu lieu à Paris, qui a débouché sur le vote d’une déclaration politique annonçant la candidature de Philippe Poutou pour la présidentielle et définissant le profil et les grands axes de la campagne. Nous publions cette semaine des contributions de bilan des différentes plateformes en présence.

 

Plateforme 1 : « Alternative anticapitaliste » et recomposition de la gauche radicale… ou une politique de classe indépendante de la gauche institutionnelle

 

Plateforme 2 : En avant, rassemblons-nous pour la campagne présidentielle du NPA autour de son candidat Philippe Poutou !

 

Plateforme 3 : Cette candidature n’est utile ni aux idées révolutionnaires ni aux luttes de notre classe

 

Plateforme 4 : Pendant les élections et au-delà, un nouvel élan

 

Plateforme 5 : Dépasser l’échec de la CN pour une campagne révolutionnaire de tout le NPA : le temps presse !

 

Plateforme 1

« Alternative anticapitaliste » et recomposition de la gauche radicale… ou une politique de classe indépendante de la gauche institutionnelle

La Conférence nationale du NPA a finalement décidé, avec une majorité très relative de 44 % des déléguéEs, de présenter Philippe Poutou à la présidentielle, confirmant la confusion de l’orientation de la plus forte minorité du NPA animée par la volonté de s’intégrer à une recomposition de la gauche radicale, dans la continuité de l’alliance avec LFI aux régionales.

Cette confusion est illustrée par la déclaration issue de la Conférence qui n’a eu de majorité que parce que la Pf2 a trouvé le soutien de la Pf4 qui militait contre le fait que le NPA présente unE candidatE ! Cette déclaration entretient les ambiguïtés, tenant entre autres à préciser que Jean-Luc Mélenchon n’est « pas un adversaire » et ignorant délibérément les deux autres candidatEs révolutionnaires déjà déclarés, Nathalie Arthaud et Anasse Kazib.

Cette absence vaut orientation, comme le choix fait depuis d’intituler une note aux militantEs « On sera là », en référence à l’intitulé de la liste LFI-NPA en Nouvelle-Aquitaine. Une orientation qui est imposée de fait, comme le candidat, en évitant le débat de fond sur notre compréhension de la période et des tâches qui en découlent pour les révolutionnaires.

Mais l’esquive ne peut durer. Le NPA vit un moment charnière, il va devoir se redéfinir, se refonder, se donner un programme répondant à la nouvelle période. Il est devenu incontournable de se dégager du compromis qui a prévalu à la fondation du NPA, il faut choisir entre la politique dite des « partis larges » portée par la Quatrième Internationale et sa section française, dont sont membres les animateurs de la Pf2 et de la Pf4, et le projet de construction d’un parti révolutionnaire des travailleurEs.

Ce choix dépend de notre compréhension de l’évolution du capitalisme, de l’intensification de la lutte de classe, des dynamiques politiques en cours à l’échelle internationale et du rôle que peut jouer le monde du travail face à la catastrophe annoncée alors que les conditions objectives de la révolution mûrissent, elles aussi, de façon accélérée. Ces débats et les clarifications qui en découlent sont incontournables.

Au cœur de la présidentielle, la question du pouvoir, du contrôle des travailleurEs sur la société

La présidentielle, moment où la question du pouvoir est posée à grande échelle, est l’occasion pour les révolutionnaires de porter un programme faisant le lien entre les exigences immédiates du monde du travail et des classes populaires et la contestation de la propriété capitaliste, de l’exploitation. Elle est l’occasion de formuler une critique socialiste du capitalisme posant la nécessité du contrôle des travailleurEs sur l’économie et la marche de la société imposant un autre mode de production, une autre façon de produire, portant la perspective socialiste et communiste.

La campagne présidentielle peut permettre de faire entendre à une large échelle que face à la catastrophe économique, écologique, sociale et démocratique en cours, il ne peut y avoir d’autre réponse que l’intervention directe des premières et premiers de corvée, la voie révolutionnaire. Elle peut contribuer à regrouper des travailleurEs, des jeunes, des équipes militantes combatives autour d’un tel programme.

Cette orientation est incompatible avec une politique qui s’inscrit dans les recompositions ou plutôt les décompositions dans la gauche de la gauche, en particulier dans la perspective de l’après Mélenchon. Elle demande au contraire une claire indépendance vis-à-vis de cette gauche et de ses différents morceaux et satellites.

Philippe, de par son engagement avec LFI, ne pouvait de toute évidence être le bon candidat pour porter cette indépendance. Les camarades de la plus forte minorité ont tenu à l’imposer, donc acte. Nous nous sommes abstenus sur l’orientation (votée à 55 % avec les voix de la Pf4) et n’avons pas participé au vote sur le nom du candidat.

Nous ne souhaitions pas faire obstacle à la politique de cette majorité relative qui, elle, a par contre commencé par refuser d’associer les porte-parole proposés par la Pf5… ce qui augure mal de sa volonté de regrouper le parti. Nous prendrons pour notre part nos responsabilités politiques, au sein du NPA et du mouvement révolutionnaire, dans la campagne à venir et pour participer au travail des anticapitalistes et révolutionnaires pour aider le monde du travail à faire face, en toute indépendance des différentes composantes de la gauche.

Galia (91), Henri (65), Isabelle (33), Laurent (33), Yvan (91)

 

Plateforme 2

En avant, rassemblons-nous pour la campagne présidentielle du NPA autour de son candidat Philippe Poutou !

Samedi 26 juin, à l’entrée de la conférence nationale, tout était encore à faire. Pendant plusieurs semaines, un certain nombre de camarades de la P1, de la P5 et et de la P3 avaient combattu la candidature de Philippe Poutou dans les AG locales, expliquant que cette CN devait être l’occasion de « tourner la page des alliances avec les réformistes », d’une « rupture » avec l’orientation proposée par la P2. Dans beaucoup d’AG, on a entendu des caricatures et d’inacceptables amalgames entre l’orientation de camarades du NPA – en Nouvelle-Aquitaine, en Occitanie, partout ? – avec celle des réformistes, traçant des lignes rouges, certainEs exerçant même un chantage à la recherche des signatures si Philippe était choisi comme candidat…

Fort heureusement, une majorité des militantEs a su refuser ces coups de pression, et c’est sur la base d’un socle politique solide et cohérent – du profil et programme proposés jusqu’au nom du candidat – que nous avons abordé cette CN, avec la ferme volonté de créer les conditions d’un cadre politique de rassemblement pour lancer la campagne présidentielle.

Acter un cadre politique, décider d’un candidat

Pendant ce week-end, nous avons donc avec persévérance avancé sur deux points :

– Travailler à une déclaration de la conférence nationale pour définir une orientation et un profil, avec l’ensemble des plateformes qui le souhaitaient sans exclusive. Nous avons proposé samedi midi un projet de texte, et nous nous félicitons que la déclaration finalement adoptée par la CN soit le produit d’un travail collectif entre la P2, la P4 (qui souhaitait participer au débat sur le profil de notre campagne même si elle n’en partageait pas les conclusions) et la P5. Emportées par leur propre animosité, la P1 et la P3, prétendument soucieuses de discuter du fond, sont totalement restées en dehors de cette élaboration.

– Porter la candidature de Philippe, la plus consensuelle en interne, et qui, dans une situation globale compliquée, a le plus de légitimité et de visibilité hors de nos rangs. Nous avons proposé de mettre en place un collectif pluraliste de porte-parole pour accompagner le candidat (une proposition déjà présente dans nos textes). C’est ce que nous avons en particulier défendu dans le cadre de la commission des candidatures/porte-parole qui s’est réunie durant cette CN.

La condition de l’existence d’un tel collectif, c’est évidemment qu’au-delà des trajectoires politiques de chacunE, ces porte-parole s’inscrivent dans le cadre de la campagne (autour de la déclaration) et de son candidat. Il y avait donc un consensus politique minimum à acter lors de cette CN, et on ne peut que regretter qu’au moment où on le touchait du doigt, les animateurEs de la P5 aient préféré faire le choix de se dérober à leurs responsabilités pour des raisons incompréhensibles : amendements insignifiants sortis du chapeau, exigence non discutable que la P5 ait trois porte-parole de campagne... Comment est-il possible de conditionner un accord politique, le vote d’un texte qui fait consensus, à un accord préalable sur les noms des porte-parole de campagne ?

Et maintenant ?

Le bilan de cette CN reste donc mitigé, la P4 ayant voté avec nous le positionnement politique de la campagne et son programme mais pas les autres plateformes, en particulier la P5 qui avait pourtant amendé le texte et signifié, du moins pour une partie de ses membres, son intention de le voter avant ce revirement de dernière minute. C’est donc avec pratiquement pas d’opposition, mais sans les voix des différentes fractions, que notre camarade Philippe Poutou a été désigné candidat.

En conclusion de cette CN, nous avons fait le choix de ne fermer aucune porte et de laisser ouverte la possibilité à toutes celles et tous ceux qui s’y reconnaissent de prendre toute leur place dans la campagne. Cela concerne tant le collectif de porte-parole (dont le principe a été décidé, mais sans mention nominale à cette étape) que l’équipe chargée d’animer la campagne, politiquement et sur le plan organisationnel (en particulier pour la recherche des fameux 500 parrainages).

Les débats ont eu lieu, démocratiquement, chacun a pu donner son opinion, il faut maintenant avancer, l’heure est à se mettre en route. C’est pour cela que nous continuons à appeler les camarades, quel qu’ait été leur vote, à prendre toute leur place dans la campagne du NPA, qui est aussi la leur s’ils et elles le souhaitent. ChacunE doit prendre maintenant ses responsabilités, en particulier au sein de la P4 et de la P5 avec qui nous avons commencé à tracer un cadre politique commun autour de la déclaration, car personne ne sortirait gagnant d’un échec du NPA. Nous appelons donc touTEs les camarades à se mettre en campagne autour de la candidature anticapitaliste et révolutionnaire de Philippe Poutou, pour une campagne qui peut être de façon modeste mais réelle un point d’appui pour notre camp social, et qui peut aider le NPA à retrouver une voix entendue largement.

 

Plateforme 3

Cette candidature n’est utile ni aux idées révolutionnaires ni aux luttes de notre classe

DéléguéEs de la pf 3, nous sommes les seulEs à avoir voté contre la déclaration de la CN et la troisième candidature de Philippe. Nous estimons qu’elle n’est utile ni aux mobilisations de notre classe ni à la construction du NPA – et moins encore du parti réellement révolutionnaire dont notre classe a besoin.

Nous avions expliqué dans notre plateforme que la question du programme était décisive et qu’une éventuelle candidature ne pouvait que lui être subordonnée. Or la déclaration de la CN confirme l’incapacité de la majorité du NPA à proposer un véritable programme révolutionnaire. D’abord, elle revendique « un revenu tout au long de la vie, au moins égal à un SMIC de 1 800 euros net, y compris lorsque l’on est sans travail », en se contentant de mettre en avant la nécessité de partager le temps de travail et d’interdire les licenciements. Or elle ne dit pas que cela est impossible sans l’expropriation des capitalistes. Cela revient donc à semer des illusions, voire à reprendre sous une forme plus « radicale » le « revenu universel » de Hamon. Nous avons défendu au contraire la nécessité de mettre en avant la « garantie économique générale » assurant la satisfaction des besoins fondamentaux par l’extension de la sécurité sociale, une caisse de salaire et une caisse d’investissement financées par la valeur ajoutée d’unités de production agréées par les Assemblées générales de travailleurEs et d’usagerEs. Or cela implique la conquête du pouvoir par les travailleurEs et la fin des grands groupes capitalistes, par l’expropriation immédiate des uns et l’asphyxie économique des autres.

De même, la déclaration de la CN dit qu’il faut « en finir avec un régime autoritaire, raciste et inégalitaire », donc « défendre la fin de cette république impérialiste des riches et des patrons et du présidentialisme particulièrement incarné par Macron » ou encore la « suppression des corps spéciaux de répression (BAC, BRAV...) ». Or il ne s’agit nullement là d’un programme révolutionnaire : des réformistes aussi veulent en finir avec cette république, et les révolutionnaires ne sauraient approuver le maintien des corps « normaux » de répression, des CRS, de la gendarmerie, des juges et procureurs non élus, des hauts fonctionnaires non contrôlés, etc. Il s’agit en effet de liquider les institutions régaliennes de l’État bourgeois et de constituer de nouvelles institutions, sur la base de la démocratie ouvrière, dont la Commune a fourni un modèle. Que ce soient des fonctions de pouvoir civil ou des tâches répressives, toutes devraient être exercées par touTEs, à tour de rôle, en élisant les responsables et en contrôlant les ­spécialistes indispensables.

Non seulement la déclaration de la CN n’augure pas d’une campagne apte à faire progresser les idées révolutionnaires, mais elle ne propose même pas des perspectives utiles aux mobilisations de notre classe. En particulier, elle ignore la question clé des organisations syndicales et politiques du mouvement ouvrier, elle n’a pas un mot contre leur stratégie du « dialogue social » et des journées d’action dispersées, comme si cela n’avait pas un rôle majeur dans les défaites des années précédentes et dans la difficulté générale de mener et de coordonner les luttes. Il ne suffit pas de se prononcer contre « l’union de la gauche » (encore heureux !), de critiquer Mélenchon et LFI, ni de regretter « l’absence de représentation anticapitaliste de masse ». Car il y a bien des forces politiques et syndicales qui continuent d’influencer une bonne partie des masses et jouent un rôle important dans les luttes (surtout dans leurs défaites) comme sur le terrain électoral. Or, en ne s’adressant pas à ces forces, en n’ayant aucune politique à leur égard, tout en ne proposant pas non plus un programme politique clairement contradictoire au leur, le NPA ne pourra guère faire la différence et attirer à lui les secteurs les plus avancés de notre camp social.

En particulier, entre la LFI, qui a un programme clair, quoique de type réformiste, et LO, qui met en avant le projet du communisme, quoique de façon routinière et abstraite (sans compter l’éventuelle candidature d’Anasse), on ne voit vraiment pas ce que la candidature de Philippe va apporter d’utile. Il ne suffit pas d’avoir un bon profil de candidat, de tacler à la télévision des politiciens corrompus, de soutenir les luttes et d’attirer la sympathie : on a vu en 2012 et 2017 que cela ne permettait guère de construire le NPA, et le contexte politique, notamment la polarisation sur Macron, Le Pen et Mélenchon, rendra cette troisième campagne encore moins efficace.

Dans ces conditions, nous désapprouvons les décisions de la CN et nous nous donnons l’été pour décider de la campagne que nous ferons – ou pas – dans le contexte de la présidentielle.

Tendance Claire du NPA

 

Plateforme 4

Pendant les élections et au-delà, un nouvel élan

Les votes des militantEs ont donné une claire majorité pour l’orientation commune aux plateformes 2 et 4. C’est une bonne nouvelle qui montre que le vote du CPN pour appeler à voter LO contre les listes dans lesquelles nos camarades étaient impliqués en Occitanie-Catalogne Nord et Nouvelle-Aquitaine ne correspond pas à la majorité réelle du NPA.

Nos arguments, notamment concernant l’urgence de travailler à la construction d’une expression politique large des exploitéEs et des oppriméEs autour d’une perspective émancipatrice, égalitaire, écosocialiste sont partagés par nombre de camarades ayant finalement voté pour la P2.

C’est cette question qui est le véritable désaccord de fond au sein du NPA.

Malgré notre divergence tactique sur la présidentielle, que nous ayons voté P2 ou P4, nous refusons les conceptions identitaires d’auto-­affirmation révolutionnaire du NPA qui ne pensent ni la nécessité de son dépassement ni celle d’une nouvelle étape du rassemblement de celles et ceux qui cherchent des réponses politiques et organisationnelles pour porter un projet émancipateur.

Si nous prenons acte qu’une majorité de militantEs a voté pour que le NPA présente unE candidatE à la présidentielle, nous souhaitons que la majorité politique P2-P4 donne l’orientation de la campagne à venir, qui sur le fond devrait être la même, avec ou sans candidatE, même si nous continuons à penser qu’elle serait plus efficace sans candidatE. C’est pour cette raison que nous avons voté la partie de la déclaration qui définit l’orientation de la campagne, même si ce n’est pas celle-là que nous aurions écrite, et que nous nous sommes abstenuEs sur le choix du candidat (sans que ce soit une condamnation de Philippe ou de la politique unitaire menée en Nouvelle-Aquitaine).

Et maintenant ?

Les luttes n’ont pas réussi à défaire l’offensive capitaliste autoritaire. Le débat public est saturé par les thèmes de l’extrême droite poussés par la stratégie de Macron qui pense assurer sa réélection en créant les conditions d’un second tour contre Le Pen. En l’absence de débouché politique aux luttes, la désespérance et le profond ras-le-bol dominent. L’abstention massive des jeunes et des milieux populaires en est une illustration, mais sous l’effet spécifique de la logique présidentialiste, en 2022 la volonté de dégager Macron pourrait aussi se traduire par un vote Le Pen.

Néanmoins, les enjeux ne se cantonnent pas à l’élection présidentielle.

Voyons au-delà et dessinons la perspective d’un rassemblement des anticapitalistes. Le rejet du système capitaliste, de l’injustice et du productivisme destructeur est de plus en plus net, présent dans les luttes et largement partagé. Mais un front de résistance fort et populaire indispensable fait cruellement défaut. Le NPA ne peut seul construire un nouvel outil politique capable de redonner espoir dans la construction d’alternatives écosocialistes.

En revanche, en tournant le dos à toute affirmation identitaire, le NPA peut être moteur pour constituer un pôle radical et de résistance en rupture avec le sectarisme comme avec les illusions électoralistes.

Nous proposons de poursuivre et d’approfondir les discussions avec les secteurs militants, organisés ou pas, des activistes des mouvements sociaux, que ce soit Se Fédérer, Rejoignons-nous, des syndicalistes, des militantEs de l’antiracisme, des féministes, des activistes du climat et des luttes sociales, avec touTEs les anticapitalistes.

L’enjeu est de bousculer le débat public : affronter le racisme et les violences policières, l’oppression et les violences patriarcales ; imposer les urgences écologiques et sociales contre la tyrannie du capital : réduction et partage du temps de travail, arrêt des productions inutiles et reconversion sous contrôle des salariéEs et de la population, interdiction des licenciements, continuité du salaire et gratuité pour les besoins élémentaires ; faire entendre une alternative écosocialiste : produire et transporter moins, partager plus et prendre soin.

Ce travail commun pourrait déboucher sur des assises anticapitalistes dans un délai à fixer avec celles et ceux qui sont prêtEs à s’investir dans une telle perspective.

Cette campagne électorale ne peut être une parenthèse pour notre démarche de construction d’une nouvelle étape du regroupement des anticapitalistes, particulièrement dans la situation politique actuelle. Nous sommes dès maintenant disponibles pour ce travail.

 

Plateforme 5

Dépasser l’échec de la CN pour une campagne révolutionnaire de tout le NPA : le temps presse !

Les 50 AG électives de la CN ont rassemblé 1 250 militantEs et montré un NPA bien vivant, capable de saisir les occasions de se déconfiner, non seulement sur le terrain des mobilisations mais aussi sous ses propres couleurs politiques en présentant une candidature révolutionnaire aux présidentielles.

Les promesses d’AG nombreuses et dynamiques

Cette volonté affichée par 85 % des votantEs traduisait une demande de rupture avec l’effacement politique pratiqué depuis 2017 dans tous les rendez-vous électoraux, qui n’a pas manqué de se traduire par un alignement programmatique sur La France insoumise lors des régionales en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie.

Une majorité de militantEs du NPA a affirmé à juste titre qu’il fallait défendre nous-mêmes notre programme, un programme de lutte anticapitaliste et révolutionnaire, car personne ne le ferait à notre place.

Partisans de la tenue de cette conférence comme moyen d’impulser une telle campagne, nous avions souligné le caractère positif de ces résultats dans une tribune précédant la réunion des déléguéEs de cette conférence le week-end des 26 et 27 juin. Mais nous insistions sur une démarcation politique nécessaire : pour lancer une campagne destinée à toucher largement le monde du travail et la jeunesse, une campagne qui permette de populariser nos idées afin qu’elles servent de points d’appui dans les luttes sociales à venir, une campagne qui permette aussi de construire le NPA comme parti révolutionnaire plus implanté et plus à même d’intervenir dans la lutte des classes, il fallait rompre le front politique avec la gauche, même « radicale », incarné par les alliances aux élections régionales.

L’échec d’une CN verrouillée par l’alliance entre Pf2 et Pf4

La Pf2, arrivée en tête avec 44 % des voix, a fait mine de ne pas vouloir trancher, au nom du « rassemblement » du parti. Les déléguéEs étaient donc priés de ne pas revenir sur l’épisode des régionales, ramenées à de simples « élections locales ». La commission des candidatures, mandatée par une motion majoritaire dans les AG, est restée une coquille vide, sommée d’avaliser le candidat désigné par la plus grosse minorité. À force d’ajouter de la poussière sous le tapis, les contradictions sont apparues au grand jour : la campagne est lancée dans la continuité de la politique d’alliance avec la FI, avec le candidat qui l’incarne le plus, et une déclaration politique qui n’est majoritaire que grâce… aux 10 % des camarades de la Pf4 qui ne veulent pas de candidature !

Cette orientation colore les premières apparitions publiques de notre candidat. Tout en tenant à se démarquer fermement de LO (dont les bons scores aux régionales sont volontairement ignorés), beaucoup de temps est passé à vanter les alliances avec la FI aux municipales et aux régionales (jusque dans notre propre journal où un quart de l’interview y est consacré !), présentées comme une « prolongation de l’unité dans les luttes ». Une chose est de chercher à frapper ensemble, à entraîner le plus largement possible dans la lutte, une tout autre de mélanger notre programme de rupture anticapitaliste et révolutionnaire avec les illusions institutionnelles de la gauche au moment des élections, qui consistent à nous faire croire que « jours heureux » et capitalisme seraient compatibles.

S’attaquer aux profits, à la propriété privée, au pouvoir patronal, voilà les lignes de rupture politiques entre nous et le reste de la gauche institutionnelle y compris la FI. Ce qui se traduit dans toutes les questions brûlantes : les luttes pour l’emploi se mèneront-elles sur le terrain de la relocalisation de l’industrie française, pour les plans industriels nationalistes des directions syndicales ou pour l’interdiction des licenciements et le partage du travail entre tous ? Les mobilisations des jeunes pour le climat seront-elles canalisées vers un replâtrage vert pâle du système ou réussiront-elles à mettre en cause la gestion capitaliste de l’économie ? Ceux qui se mobilisent contre les violences policières le feront-ils pour le remplacement de la BAC par une « police républicaine » ou contre le racisme et la violence de l’État en général ?

Mener une campagne révolutionnaire de tout le NPA : le temps presse !

L’utilité de notre campagne est de donner des réponses à ces questions, assumer notre stratégie révolutionnaire et notre projet de société communiste tout en étant capable de proposer l’unité d’action la plus large pour renforcer le rapport de forces. Une semaine après son lancement raté, il faut réorienter cette campagne mal engagée. La Pf5 s’y emploiera comme elle s’emploie à construire et armer le NPA.

Armelle, Aurélien, Gaël, Marie-Hélène, Zara