Meeting unitaire contre la dette au Havre le 27 Janvier 2011 (JPR)
180 personnes ont assisté au meeting unitaire ce vendredi 27 janvier par le collectif pour un audit citoyen de la dette. Ce meeting était notamment animé par Aurélie Trouvé (Attac), Pascal Franchet (CADTM), Françoise Gosset (Sud Santé) et Manuela Dona (CGT).
La camarade de l’hôpital a présenté la situation dramatique dans laquelle se trouve l’hôpital public au Havre : un déficit annuel de 12 M d’euros, une dette cumulée de 137 M d’euros, pour un budget annuel de 275 M d’euros. Cette dette ne cesse d’augmenter malgré un « plan de retour à l’équilibre » dont les recettes sont connues : suppressions de postes (200 à ce jour mais la direction souhaite en supprimer 400 au total), non remplacement des arrêts etc. Les origines de cette dette sont connues : sous-financement chronique donc recours systématique à l’emprunt pour des investissements très lourds (Pôle Mère-Enfant), tarification à l’activité (TAA), concurrence de la santé privée.
Parmi les 45 emprunts en cours (dont 24% auprès de feu-DEXIA), 30 M présentaient des risques « forts » selon la chambre régionale des comptes, dont certains, pour 9 M d’euros, n’auraient carrément pas dûs être souscrits… C’est ça les emprunts toxiques.
M. Dona pour la CGT douanes est quant à elle intervenue pour expliquer en quoi l’Etat avait clairement renoncé à lutter contre les paradis fiscaux, l’évasion fiscale, la contrefaçon, ce qui signifie moins de rentrées fiscales et donc moins de moyens. La RGPP se traduit aux Douanes par la suppression d’un emploi par jour depuis des années. Au final l’administration n’a plus les moyens de remplir ses missions de service public.
L’intervention de P. Franchet du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM) a permis de préciser les origines de la dette publique et la nécessité d’une campagne internationale pour l’annulation de la dette illégitime. Cela passe selon lui par l’exigence d’un moratoire immédiat sur le paiement de la dette. Il a rappelé que même le droit international le permet avec la reconnaissance de « l’état de nécessité » qui permettrait à un Etat de suspendre le remboursement en arguant des nécessaires mesures sociales ou écologiques à prendre pour protéger la population. C’est ce qu’ont fait la Hongrie ou la Pologne au début des années 90 par exemple. Le moratoire permet de dégager des marges budgétaires pour des mesures d’urgence et est aussi l’occasion de procéder à un audit de la dette : d’où vient-elle, à qui paye-t-on, combien etc. Autant de questions décisives qui doivent être débattues publiquement et démocratiquement. Cela implique la levée du secret bancaire, l’ouverture des livres de comptes. L’annulation de la dette illégitime en est la conséquence logique. Les répercussions sur les banques et les institutions financières ? On ne pourrait faire l’impasse sur la socialisation (la réquisition) des banques, sans indemnité ni rachat. Enfin le camarade a insisté sur la nécessité d’une mobilisation européenne contre la dette et les plans d’austérité, car ce que la population grecque subit en ce moment (avec notamment des baisses de salaire de près de 30% en 2 ans!), c’est ce qui nous attend demain !
Enfin Aurélie Trouvé (Attac) a rappelé les mécanismes qui ont conduit à l’explosion de la dette publique ces dernières années : cadeaux fiscaux aux riches et aux entreprises, dumping fiscal dans le cadre de la concurrence intra-européenne, et enfin le sauvetage des banques de 2008 qui a de fait transformé de la dette privée en dette publique, sans contrepartie évidemment. Dernière raison : l’extrême dépendance des Etats européens à l’égard des marchés financiers. Elle a conclu elle aussi sur la nécessité de la solidarité internationale entre les victimes des plans d’austérité et le refus des discours nationalistes qui conduisent inévitablement à des catastrophes politiques.
Le débat s’est ensuite ouvert avec la salle autour notamment du moratoire, de l’importance (ou non!) des agences de notation et de la « perte » du AAA ou encore sur le fait de savoir si il fallait répondre en terme de nouvelle croissance économique.