Publié le Jeudi 12 mai 2016 à 09h45.

Solidarité avec les migrant-E-s : Point de suspension !

Samedi dernier, la ville de Paris organisait une « Fête de l’Europe » sur le thème du « Vivre ensemble », avec un débat intitulé « Europe – réfugiés : un test de solidarité ? » en présence de représentantEs des institutions européennes. Vivre ensemble, avec les réfugiéEs comme test et la solidarité en question, il fallait oser !

Sur proposition de la commission Europe de Nuit debout, avec la CSP75 (Collectifs de sans-papiers), la CISPM (Coordination internationale sans-papiers et migrants), plus de 200 personnes sont venues fêter la solidarité avec les réfugiéEs et les sans-papiers, en investissant sous le nez des flics la salle du débat, en chantant des slogans, en organisant des prises de parole au mégaphone. Jusqu’à ce que (seule) la députée italienne prévue à la tribune vienne nous proposer de discuter ensemble...

Un débat contradictoire ?

C’était sous-estimer le fait que le débat proposé avait déjà eu ses tests pratiques. Depuis des semaines, la majorité des participantEs ont vécu les conséquences de la fermeture des frontières de l’Europe et de la politique de la mairie de Paris. Ils et elles ont subi les gaz lacrymos et les matraques pour empêcher les flics de chasser les migrantEs à la rue. Ils et elles ont plié les grilles qui s’érigent dans nos quartiers pour empêcher les migrantEs d’établir des campements. Et trois jours avant ce débat, ils et elles avaient essayé d’empêcher l’expulsion des migrantEs qui avaient trouvé refuge dans le lycée Jean-Jaurès, inoccupé depuis des années dans le 19e arrondissement de Paris. La majorité des participantEs y avait déjà testé la capacité de discussion avec les autorités : à l’intérieur du lycée, lorsque les migrantEs ont demandé la garantie de ne pas être triés par statut et nationalité, ils avaient essuyé un refus. Lorsqu’ils ont alors exigé de pouvoir sortir librement, préférant continuer leur lutte dans la rue ensemble que de laisser certainEs en centres de rétention, la police a utilisé la force pour sortir les personnes solidaires et pouvoir embarquer les migrantEs. En guise de conclusion, plusieurs se sont retrouvés dans des commissariats et ont reçu des OQTF (obligation de quitter le territoire français).

Discuter avec les responsables de cette politique, c’est accepter de suspendre cette solidarité. La majorité ne s’y est pas risquée : elle a préféré repartir en manifestation spontanée vers la place de la République, seul lieu approprié pour discuter ce week-end là avec des militantEs venus de toute l’Europe. Avec comme socle commun ce slogan scandé tout au long du trajet : « Tout le monde déteste les frontières ! »

Vanina Giudicelli