Depuis le 4 mars à l’Odéon et le 11 mars au Théâtre de la Cité à Toulouse, le mouvement national d’occupation des lieux culturels prend de l’ampleur. A ce jour, plus de 90 lieux sont occupés. Les directions de lieux ainsi que les syndicats d’employeurs soutiennent pour le moment la mobilisation et se positionnent sur un socle commun qui inclut la question de l’assurance chômage mais qui met en avant celle de l’ouverture des lieux. C’est bien là un piège dans lequel la mobilisation ne doit pas tomber. Nous ne souhaitons pas reprendre le travail en l’état actuel mais garantir des droits et des conditions de reprise décentes pour l’ensemble des salariéEs victimes ou non de la discontinuité du travail. C’est pourquoi les AG d’occupantEs au niveau national placent la revendication de l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage avant toutes les autres.
Après la tentative de réforme des retraites, celle de l’assurance chômage est un coup de plus porté au socle de la protection sociale (retraites, assurance chômage, sécurité sociale).
C’est une bataille politique et idéologique que nous devons gagner afin de garantir la pérennité de la solidarité interprofessionnelle qui dans la période actuelle est indispensable à la survie de beaucoup d’entre nous.
L’occupation permet à un milieu précarisé et éparpillé dans le monde du travail de s’organiser, d’élaborer et de discuter de ses revendications, de ses modes d’action et dans une moindre mesure de la société dans laquelle nous voulons vivre. Ces occupations s’inscrivent dans la continuité de mouvements qui dernièrement ont posé les questions de la précarité et les revendications démocratiques (Nuit debout, Gilets jaunes, mouvement pour le droit au logement, les ZAD, etc.).
On retrouve dans les AGs ces mêmes militantEs qui accumulent de l’expérience politique mais aussi de la défiance contre un mouvement ouvrier traditionnel qui a eu du mal à exprimer sa solidarité. Le mouvement est donc en proie à des tendances de « fausse radicalité » qui pousse ces militantEs à organiser des actions « coup de poing » isolées au lieu de défendre l’unité de la classe nécessaire à notre victoire. Pourtant pour le moment, un consensus politique a été trouvé entre tous les participantEs, ce qui pourrait ouvrir une possibilité de nouvelle page politique plus unitaire dans l’action. Ainsi, la CGT et la CIP (Collectif des intermittents et précaires) ont appelé et participent conjointement à la mobilisation.
A Toulouse, l’occupation lancée par la CIP, la CGT spectacle ainsi que le collectif « Aux Arts Etc. », a rapidement permis d’organiser des AG réunissant entre 150 et 200 personnes, salariéEs du spectacle, intermittentEs de l’emploi, précaires, étudiantEs, gilets jaunes et autres collectifs. La dynamique est là, les gens se mobilisent. Les actions sont quotidiennes, les discussions aussi, les commissions tournent. Au fur et à mesure des discussions, il apparaît clair que face à l’ampleur de la crise que générera l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance chômage, il faudra mobiliser largement sur cette question au-delà des secteurs de la culture qui ne sera pas le seul touché par les modifications prévues pour juillet 2021.
C’est à partir de cette réflexion qu’aura lieu une réunion interprofessionnelle le samedi 3 avril à 14h à Toulouse, ouverte à l’ensemble des acteurs et actrices du mouvement social. Nous défendons ce genre d’initiatives sur l’ensemble du territoire. De leur réussite dépendra notre capacité à étendre la mobilisation et à définir une stratégie commune qui nous mènera, espérons-le, à la victoire.