Publié le Mercredi 15 janvier 2025 à 11h55.

Compensation : fausse solution, vrai colonialisme

La compensation écologique, qui existe depuis 1976 (!), fait croire qu’une dégradation infligée à la biosphère en un instant et un lieu donnés peut être contre­balancée par une action locale et simultanée ou délocalisée dans le temps et l’espace. 

Loin de réparer un dégât, la compensation sert aux entreprises à poursuivre sur la voie du productivisme, cause de l’accélération de la crise écologique. 

Fausse solution

Les scientifiques ont mis au jour le tissu de relations, d’interdépendances, de conflictualités, de solidarités qui existe entre tous les êtres vivants (la biosphère) et la matière inerte telle que les glaciers, les nappes phréatiques, les roches... depuis des milliards d’années. Iels mettent en doute l’idée de compenser ce qui est endommagé voire détruit, qui revient à nier l’état dégradé et instable de la bio­sphère. Ainsi, alors qu’on sait que le transport aérien doit être fortement réduit, Anne Rigail, directrice générale d’Air France, a annoncé en 2020 que les 450 vols intérieurs ­quotidiens seraient « ­compensés » par la plantation d’arbres, tarte à la crème de la compensation. 

Vrai néocolonialisme

Les entreprises capitalistes « compensent » en Afrique, avec des plantations massives d’arbres à croissance rapide, tels les eucalyptus qui permettent à l’industrie forestière de prospérer. Ainsi, la savane, vue comme un territoire déforesté alors que depuis des millions d’années elle abrite une faune particulière, des populations (élevage, agriculture), est touchée. 

Renoncement

Les États capitalistes ont renoncé à amorcer tout changement alors qu’ils savent que la biosphère va continuer à être dégradée. Ils légifèrent et font croire que la compensation, avec son aspect « pollueur-payeur », permet de réparer les dégâts et de financer la transition énergétique.

En fait, la « compensation » montre la collusion des États avec le monde des affaires. Pire, elle laisse aux capitalistes dirigeants la décision des politiques de transition, excluant les citoyenNEs des choix de société.