Publié le Vendredi 6 juin 2014 à 09h01.

Électricité nucléaire : les coûts explosent…

En janvier 2012, un premier rapport de la Cour des comptes sur les coûts du nucléaire mettait enfin à mal le mythe du nucléaire bon marché. Le 27 mai 2014, à la demande de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les coûts du nucléaire, la Cour des Comptes a sorti un nouveau rapport qui prouve que le coût de production de l’électricité nucléaire s’envole (1).

Entre 2010 et 2013, la facture a connu une forte hausse, passant de 49,6 euros par mégawattheure (MWh) à 59,8 euros/MWh. 10,3 euros de plus en trois ans, soit une augmentation de 20,6 %, qui ne « devrait pas manquer de venir impacter les tarifs de vente de l’électricité » comme le souligne à juste titre le Parisien du 27 mai. Toutes les composantes des charges d’exploitation sont responsables de cette envolée des prix. Toutefois la Cour des comptes souligne que la raison principale réside dans le choix d’EdF et des différents gouvernements de prolonger la durée d’exploitation des réacteurs au-delà de trente ans puis dans quelques années au-delà de quarante ans. En effet, le montant des investissements à prévoir pour prolonger la durée d’exploitation des réacteurs s’avère, au final, considérable. « Le prolongement de (la) durée de fonctionnement nécessite une augmentation des dépenses d’achats et de logistique ainsi qu’une forte évolution des effectifs. Il explique en partie cette forte évolution des coûts d’exploitation, notamment sur les dernières années », souligne le rapport qui stipule en outre que « dans le cas de la prolongation de la durée d’exploitation jusqu’à cinquante ans, le coût courant économique (CCE) entre 2011 et 2025 serait environ de 62 euros/MWh ». Autres facteurs d’augmentation, la gestion des combustibles usés (16,3 milliards d’euros fin 2013), les charges de démantèlement (34,4  milliards en 2013, qui « font craindre des surcoûts pour les opérations à venir », ainsi que les charges de gestion des déchets (31,8 milliards en 2013) auxquels on peut ajouter les 8,5 milliards de l’EPR de Flamanville. Ce qui fait dire au Réseau Sortir du Nucléaire « qu’il est donc inéluctable que le coût de l’électricité nucléaire explose, au prix d’une augmentation de la facture pour les consommateurs… et des conditions de travail inacceptables pour les intervenants. »

Chère et dangereuse...Il est regrettable, toutefois, que la Cour des comptes se soit interdit d’enquêter sur une comparaison des coûts entre nucléaire et énergies renouvelables, car celle-ci aurait pu se révéler fort instructive. Ce rapport montre que le nucléaire a des coûts de production qui vont croissant. D’autres sources de production d’électricité sont en mesure à l’avenir de passer sous la barre du nucléaire. L’éolien terrestre est passé désormais sous les 70 euros/mWh, le gaz naturel oscille à quelques euros de plus, autour de 74 euros/mWh, et seul le solaire demeure une ressource abondante mais encore très chère, entre 236 et 406 euros/mWh. Mais son prix chute chaque année très rapidement. Le prix des panneaux est en diminution rapide (– 10 % tous les trimestres). Selon l’Epia (European photovoltaic industry association), « en 2020, le coût de production de l’énergie solaire sera compris entre 80 et 180 euros par mégawattheure, alors que celui du nucléaire aura, lui, continué à augmenter ». Ainsi s’effondre le dernier argument des partisans du nucléaire au nom de la juste lutte contre la précarité énergétique (PCF, CGT, FO, LO, etc.). L’énergie électrique nucléaire devient chaque année de plus en plus onéreuse alors que l’accident nucléaire majeur dans des centrales vieillissantes devient de plus en plus probable. Comme le préconise le NPA, il est donc grand temps d’en finir le plus rapidement possible – moins de 10 ans – avec le nucléaire.

CorrespondantEs Commission nationale écologie1 – http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/Les-couts-de-la-filiere-electro-nucleaire