Retour sur le vote du 6 juillet au Parlement européen, par lequel le gaz fossile et le nucléaire se voient désormais promus au rang d’« énergies de transition ».
Dans les institutions de l’Union européenne le règlement « taxinomie » ou « taxinomie verte » vise à « déterminer les conditions dans lesquelles une activité économique est considérée comme contribuant de manière substantielle à l’atténuation du changement climatique et de déterminer si elle cause un préjudice important à l’un quelconque des autres objectifs environnementaux ». L’objectif affiché est d’identifier les activités jugées durables afin d’orienter les investissements. En réalité, il s’agit, à l’inverse, d’étiqueter comme durables les secteurs capitalistes à favoriser.
C’est exactement ce qui s’est passé le 6 juillet dernier au Parlement européen. Sur proposition de la Commission, le gaz fossile et le nucléaire se voient désormais promus au rang des « énergies de transition » par le vote de 328 eurodéputés (contre 278), essentiellement conservateurs, d’extrême droite mais aussi les libéraux de Renaissance, le groupe de LREM.
La France à la manœuvre pour l’adoption de ce texte climaticide
Au moment de l’envoi du projet aux États membres par la Commission, in extremis, le 31 décembre dernier, le secrétaire d’État aux affaires européennes a déclaré : « Le projet de texte correspond à ce que nous souhaitions ». Et pour cause ! La France s’est alliée à la République tchèque, la Hongrie, la Pologne avec lesquelles elle a marchandé son soutien au gaz fossile en contrepartie de leur appui pour relancer son programme nucléaire. C’est ainsi que des milliards d’euros vont aller vers ces énergies avec, en prime, un label vert et la bénédiction de Pascal Canfin, président de la commission environnement du Parlement européen pour qui « la taxinomie nous aidera à faire face à l’urgence climatique à laquelle nous sommes confrontés ».
Pourtant l’actualité apporte la preuve que ces énergies sont loin de représenter la solution stable et durable tant vantée. La moitié du parc nucléaire français est à l’arrêt. Même si l’ASN minimise en expliquant que « 12 réacteurs sont à l’arrêt », pour une longue durée, « en raison de la corrosion, pour contrôle et le cas échéant pour réparation » et que les autres réacteurs hors service le sont dans le cadre des arrêts habituels pour maintenance et rechargement en combustible, il n’en reste pas moins que la production est historiquement basse et incertaine.
Quant au gaz, les livraisons en provenance de la Russie sont lourdement menacées, elles représentaient 40 % des importations de l’Union européenne avant l’invasion de l’Ukraine. Cette pénurie ouvre la porte au redémarrage des centrales au charbon et à l’accroissement du recours au gaz naturel liquéfié (GNL) dont l’empreinte carbone est supérieure d’au moins 20 % à celle du charbon. TotalEnergies est déjà sur le coup : terminal méthanier flottant au Havre, contrat avec le Qatar pour l’exploitation du plus grand champ de gaz fossile du monde qui sera exporté sous forme de GNL.
Des milliards d’euros seront détournés des énergies renouvelables et des économies d’énergie pour favoriser encore et toujours les énergies les plus climaticides et les plus destructrices.