L’assassinat de Dominique Bernard, prof de lettres à Arras, lors d’une attaque au couteau au sein même de son lycée qui a également blessé trois autres de ses collègues, a suscité l’effroi dans l’Éducation nationale et bien au-delà. Un effroi que nous partageons. Nul ne devrait mourir sur son lieu de travail. Ce drame nous rappelle douloureusement que l’école n’est pas un sanctuaire protégé de la violence de la société.
Macron et son ministre Attal se sont empressés d’apparaître comme les meilleurs amis des profs, eux qui n’ont de cesse de les maltraiter et de les mépriser. Leur tristesse est d’ailleurs sélective : elle se tourne vers Samuel Paty et Dominique Bernard, mais elle ignore Agnès Lassalle, tuée dans sa salle de classe en février 2023, ou Christine Renon, qui avait mis fin à ses jours au sein de son école. Nous ne sommes pas dupes : leur compassion d’un jour sert avant tout la rhétorique belliciste d’une « république en proie à l’islamisme ».
Une fois encore, beaucoup tenteront d’instrumentaliser ce drame pour stigmatiser encore plus les musulmanEs, et instaurer un climat de méfiance. Le ministre lui-même, en prévision de l’hommage de lundi, demandait aux enseignantEs de signaler systématiquement toute contestation « afin qu’elle puisse être sanctionnée le plus sévèrement possible ». Face au risque d’une libération encore plus grande des propos et des actes islamophobes, le NPA assure de son soutien toutes celles et tous ceux qui en seraient les cibles.
Dans l’Éducation nationale, il manque partout des assistantes sociales, des psychologues, des personnels médicaux, des AESH, des CPE, des enseignantEs… Est-ce que les nouveaux amis des profs vont enfin s’en préoccuper ? Rien n’est moins sûr. Face à la répétition des drames, ils en profitent seulement pour déballer leur attirail de mesures sécuritaires : vigiles, portiques, caméras, contrôles d’identité, fouille des sacs… Transformer les établissements scolaires en prisons de haute sécurité n’est pas seulement inefficace, c’est l’inverse de l’école et de la société que nous devons construire pour demain.