Les mobilisations récentes des enseignants, des élèves et des parents en Seine-Saint-Denis, dans le Val-de-Marne et ailleurs, ont montré la colère de la population contre les suppressions de postes dans l’Éducation. Cette année, comme les précédentes, apporte son lot de suppressions de postes. Le gouvernement a déjà annoncé 16 500 suppressions pour 2010, qui s’ajoute aux 45 000 effectuées depuis 2005 et s’inscrit dans l’objectif RGPP1 de suppression de 80 000 postes d’ici la fin du quinquennat de Sarkozy. Ces chiffres n’ont rien à voir avec une démographie où le nombre d’enfants scolarisés diminuerait. Ils obéissent à une logique budgétaire qui vise à réduire les dépenses de l’État et toutes les réformes du gouvernement en matière d’éducation découlent de ce postulat. Ainsi, 45 000 élèves de plus sont attendus à la rentrée prochaine. Loin de favoriser la réussite des élèves, des réformes comme celle du lycée ou du bac professionnel ne sont que des prétextes pour diminuer le nombre de fonctionnaires. Les suppressions de postes ont des répercussions bien concrètes sur la qualité du service public : classes surchargées, élèves sans affectation, notamment dans les lycées professionnels, non-remplacement de plus en plus fréquent des personnels en arrêt maladie ou en congé maternité. Pour pallier ces effets, le gouvernement multiplie les contrats précaires et s’apprête à envoyer à temps plein dans les classes les nouveaux titulaires des concours d’enseignement sans qu’ils aient reçu la moindre formation. La suppression de postes entraîne une dégradation constante des conditions de travail. Le gouvernement veut rentabiliser la productivité des enseignants grâce à l’introduction de techniques managériales importées du monde de l’entreprise. Avec la loi sur la mobilité des fonctionnaires, l’État bénéficie d’un levier de plus pour accélérer la suppression des postes. Désormais, il ne s’agit plus de ne pas remplacer les départs à la retraite mais de licencier les fonctionnaires occupant des postes devant être supprimés. Cette loi permet également d’élargir encore le recrutement de non-titulaires et le recours à l’intérim. Le recours, déjà largement pratiqué, à des contrats de courte durée, sous-payés, permet de disposer d’une réserve de travailleurs précaires, corvéables et dociles. Le gouvernement s’est ainsi doté d’un outil légal pour procéder à une vague de licenciements et à une précarisation de l’emploi public. L’État est aujourd’hui le premier employeur et le plus grand licencieur de précaires. Alors que la crise économique et sociale touche les travailleurs de plein fouet, que le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter, Sarkozy se comporte comme un dirigeant de multinationale en supprimant des milliers de postes dans la fonction publique. Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’exiger seulement l’arrêt des suppressions de postes mais de réclamer une embauche massive de personnel pour des services publics de qualité.Le 12 mars a lieu une grève nationale dans l’éducation suite au mouvement impulsé dans la Seine-Saint-Denis en février. La question des postes doit être au cœur des revendications car elle constitue le point nodal de toutes les réformes menées dans l’Éducation nationale comme dans les autres services publics. Elle seule peut permettre d’unifier tous les secteurs et de construire un mouvement d’ampleur. Camille Jouve1. RGPP : révision générale des politiques publiques.
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