Avec des chiffres de grève et de participation aux manifestations très importants, en particulier le 19 janvier, la participation des personnels de l’éducation à la lutte contre la réforme des retraites n’est plus à démontrer, même si le secteur semble encore douter, à tort, du rôle qu’il peut jouer pour gagner contre Macron.
Même si pour la grande majorité des profs, dans le calcul actuel de la retraite, il faudrait aller jusqu’à 67 ans voire plus pour avoir une retraite complète, le rejet du recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans est tout aussi profond qu’ailleurs. Il est l’expression d’un ras-le-bol qui englobe aussi la dégradation des conditions de travail, en accélération ces dernières années. Et les annonces de NDiaye, qui place sa politique dans la lignée de son prédécesseur, augmentent encore ce ras-le-bol. L’augmentation annoncée de 10 % pour touTEs s’éloigne chaque jour un peu plus tel un mirage dans le désert, et les déclarations sur le « pacte » montrent qu’il s’agit bien de dépoussiérer la vieille arnaque du « travailler (beaucoup) plus pour gagner (un peu) moins ». À ce jeu-là, on peut se demander si le ministre n’a pas surestimé la capacité d’encaissement d’une profession déjà largement pressurée.
Ancrer la grève reconductible dans les faits
Pour toutes ces raisons, le 7 mars a d’ores et déjà toutes les chances d’être une journée très forte dans l’Éducation nationale. L’enjeu maintenant est de voir au-delà, afin de vraiment déstabiliser la machine macronienne. Cela passe par l’impulsion d’une grève reconductible, dès le 8 mars qui a une signification très forte dans une profession aussi féminisée, mais aussi le jeudi 9 avec la jeunesse, afin d’ancrer la grève reconductible dans les faits, aux côtés d’autres secteurs comme les transports.
Il y aura pour cela quelques blocages à dépasser dans les jours qui viennent. La colère est présente, mais la conviction que l’on peut gagner et, surtout, que les travailleurs de l’Éducation ont le pouvoir de jouer un rôle déterminant dans le mouvement est encore largement à construire. Convaincre que nous pouvons gagner passe par la reconstruction d’une capacité d’action en partant du plus concret comme les banderoles d’établissement, les affiches, les tracts locaux, jusqu’aux AG de lutte. Cela se fera aussi en reliant cette lutte à celles qui nous ont permis de gagner par le passé. En 1995, en 2006 et en 2019, nous les avons fait reculer ! Ainsi qu’en s’inspirant des luttes victorieuses contre les expulsions d’élèves sans-papiers qui ont largement mobilisé les écoles avec des occupations.
L’Éducation nationale peut être un secteur « bloquant »
La période du confinement a fait la démonstration claire et sans appel de l’impact dans la société d’une fermeture des écoles, mais aussi des collèges et des lycées. Au-delà, le maillage des quartiers par nos établissements et la concentration de travailleurEs que nous représentons à cette échelle permettent d’envisager une territorialisation des actions de blocage et de visibilisation dans le sens d’une « gilet jaunisation » de la mobilisation (blocages et tractages aux ronds-points, réunions publiques de quartier en lien avec les parents, occupations d’écoles pour en faire des lieux d’organisation, etc.).
Après cinq ans d’un Blanquer autoritaire qui a imposé sa loi, les profs, et plus largement tout notre camp social, nous avons besoin d’une victoire afin de retrouver la confiance dans notre propre force. En 2023 c’est possible !