La grève du 29 septembre, appelée par la CGT, la FSU et Solidaires a réuni 30 % des personnels des collèges et lycées et 20 % des personnels des écoles primaires. La question qui se pose maintenant est comment amplifier ce mécontentement dans notre secteur ?
Les taux de grévistes sont corrects pour une première journée de grève après la rentrée qui dépasse le cadre militant traditionnel. La profession prend conscience de la nécessité de lutter contre l’ensemble des attaques contre les salaires et les conditions de travail.
Vers une explosion sociale
Au-delà des grandes attaques, il risque d’y avoir un problème de chauffage dans les établissements cet hiver. L’université de Strasbourg a ouvert le bal en annonçant une semaine de vacances en plus après Noël et une semaine de cours en distanciel… Des établissements scolaires annoncent des manques de papier pour décembre, ce qui va compliquer l’impression des contrôles (mais est-ce vraiment grave ?). Bref, le sentiment qui domine dans la profession est celui d’une grande précarité et d’une impossibilité de l’État à couvrir les besoins essentiels.
En outre, les rebonds épidémiques de Covid-19 inquiètent les enseignantEs, car la gestion de la crise sanitaire dans le secteur est catastrophique. Le maître mot est de continuer à travailler coûte que coûte. Mais aucune classe (ou presque) n’a été équipée de ventilation ou d’indicateur de CO2 ; il n’y a aucune brigade de remplaçantEs si on est malade et aucune prise en compte des absences des jeunes en cas de maladie — rappelons que cette année encore le gouvernement souhaite que le bac ait lieu en mars.
À l’échelle de la journée du 29 septembre, la forte présence de la fonction publique montre que la question salariale est une préoccupation. Les grévistes avaient aussi conscience de la réforme qui vient sur les retraites (même si elle est globalement floue, il est à peu près certain que le gouvernement Macron ne va pas revenir aux 60 ans à taux plein) et de l’importance de se mettre en ordre de bataille. Pour le dire vite, les « conditions objectives » sont réunies pour une explosion sociale.
Viser l’effet domino des victoires
Les deux dernières années ont été marquées par un éparpillement de la profession et une individualisation des réponses aux problèmes que chaque personnel rencontrait. Le poids des années Blanquer, avec sa gestion managériale de l’Éducation nationale, pèsent sur les consciences, ainsi que la répression qui s’abat sur les militantEs qui osent s’opposer au rouleau compresseur. Il nous faut retrouver les chemins du collectif. En partie, le 29 septembre nous a aidés dans ce sens.
Des assemblées générales interprofessionnelles (ou Éducation nationale) se sont tenues. Celles-ci restent petites et très militantes, mais elles sont autant de points d’appui pour reconstruire une conscience du « tous ensemble ».
Il y a une certaine fébrilité de Macron qui veut faire passer à toute vitesse sa réforme des retraites (empêchée par le Covid en 2020), alors qu’il n’a plus le Parlement croupion de son premier mandat. Et quand « ceux du haut » ne peuvent plus, si « ceux du bas » ne veulent plus, alors peut surgir une crise sociale majeure. Voilà la tâche de l’heure : convaincre largement sur le fond qu’il faut empêcher cette réforme des retraites et que, dans la situation actuelle, il peut y avoir un effet domino et des victoires sur des sujets secondaires mais d’importance comme l’augmentation des salaires, le recrutement de personnelEs, les réformes du bac professionnel et du bac Blanquer…
Dans ces conditions, il est important de nous saisir de toutes les occasions disponibles pour rassembler nos colères. Que ce soit la grève contre la répression du 11 octobre, la marche contre la vie chère du 16 octobre ou la grève des lycées professionnels le 18 octobre, les dates ne manquent pas. Elles sont autant de jalons pour nous aider à grossir les rangs des grévistes afin de gagner.