Le rectorat d’Orléans-Tours vient d’autoriser l’ouverture de l’Académie Saint-Louis de Chalès, un internat catholique non-mixte, piloté par le milliardaire réactionnaire Pierre-Édouard Stérin. C’est une décision grave qui marque une capitulation de l’État devant l’extrême droite.
Sous couvert de « liberté éducative », cette école vise à former une élite conservatrice, dans un entre soi sexiste, classiste et religieux. Sa fameuse « charte de l’éducation intégrale » impose une vision rétrograde du genre, de la place des femmes, de la famille et de la société. Derrière les mots comme « vertu », « ordre » ou « excellence », ce sont les vieux piliers de l’Église et du patriarcat qui ressurgissent, au service d’un projet politique réactionnaire.
Un projet dénoncé, une décision complice
Cette décision ne vient pas sans contestation. Une lettre ouverte signée par plus de 160 personnalités, syndicats, collectifs et partis — dont le NPA — avait été adressée au rectorat pour lui demander de s’opposer fermement à l’ouverture de cet établissement. Elle alertait sur les dangers : instrumentalisation des enfants, non-mixité imposée, enseignement religieux opaque, financement par un milliardaire d’extrême droite.
En refusant d’agir, l’administration devient complice de l’ouverture d’une école de classe, confessionnelle, sexiste, dans un territoire rural où les services publics sont déjà en souffrance.
Deux poids, deux mesures
Ce feu vert vient illustrer de manière éclatante le « deux poids, deux mesures ». Ces dernières années, plusieurs écoles musulmanes ont été fermées au nom de la « laïcité ». Les mères voilées ont été ciblées, stigmatisées lors de sorties scolaires. Mais quand une école catholique séparatiste, fondée sur la non-mixité et le mépris de l’école publique, est créée l’État regarde ailleurs. Ce cynisme n’est pas une erreur, c’est une stratégie : laisser prospérer les projets d’extrême droite au nom d’une prétendue neutralité, pendant qu’on démantèle les acquis de l’école publique.
Une « pédagogie intégrale » réactionnaire
Derrière l’habillage de l’ « éducation intégrale », l’Académie Saint-Louis promeut un modèle d’éducation autoritaire, hiérarchique et profondément classiste. Ce n’est pas une pédagogie neutre : c’est un projet de formatage idéologique, dans la lignée des public schools britanniques du 19e siècle, conçues pour produire une bourgeoisie virile et disciplinée. À Chalès, on retrouve cette même logique de rigueur martiale, d’internat isolé, de culture du dépassement par la souffrance et la soumission.
Cette pédagogie s’inscrit dans la lignée de l’internat de Bétharram, longtemps utilisé comme modèle pour les jeunes garçons issus de milieux catholiques conservateurs. Chalès entend bien reprendre ce flambeau au 21e siècle, avec les moyens financiers et les relais politiques de l’extrême droite contemporaine.
Un projet politique d’ampleur
L’Académie Saint‑Louis de Chalès n’est pas un cas isolé. Elle fait partie d’une offensive idéologique planifiée, visant à reconquérir les domaines de l’éducation, de la culture et de la jeunesse. C’est un laboratoire de l’extrême droite, à l’image de ce qui se développe ailleurs en France sous l’impulsion de Stérin, du programme Périclès ou de l’influence des milieux catholiques conservateurs.
C’est une stratégie assumée de la bourgeoisie réactionnaire : sortir les enfants de celle-ci de l’école publique, les former dans des cadres privés et hiérarchisés.