Publié le Jeudi 30 avril 2020 à 17h41.

#HonteUniv : quand le gouvernement s’attaque aux étudiantEs

Depuis le début du confinement et la fermeture des universités lundi 16 mars, la validation automatique du deuxième semestre est revendiquée par des milliers d’étudiantEs partout dans le pays, à travers des communiqués, des appels d’assemblées générales, des pétitions locales et nationales... expliquant que le maintien des examens en ligne donne lieu à une rupture d’égalité massive et une mise en échec de nombreux et nombreuses étudiantEs. Le gouvernement et les présidences d’universités ont beau faire la sourde oreille face à cette revendication légitime, elle prend de plus en plus d’ampleur. Lundi dernier, suite à l’annonce de la faculté de droit de l’université de Lorraine expliquant mettre en place la validation automatique pour touTEs ses étudiantEs si les examens ne pouvaient pas se tenir en présentiel avant le 25 mai, le hashtag #HonteUnivLorraine lancé par le reste des étudiantEs de l’université dénonce le maintien de leurs examens et perce en top tendance sur Twitter pendant plusieurs heures. Ce hashtag est repris pour les universités d’Évry, Paris 1, Nanterre et Lille, et le hashtag plus général #HonteUniv comme mot d’ordre est tweeté plusieurs milliers de fois, mettant en lumière l’indignation collective face au Plan de continuité pédagogique imposé par Frédérique Vidal, impossible à suivre pour beaucoup. 

Les étudiantEs précaires vont devoir s’exposer au Covid-19

Après la dernière allocution de Macron, comment comprendre cette décision de ne pas rouvrir les universités pour les examens quand est annoncée, malgré l’avis de tous les rapports scientifiques, la réouverture des crèches, écoles, collèges, lycées et la reprise du travail le 11 mai ? Il est évident que la priorité du gouvernement n’est celle de la santé de personne, mais bien celle de maintenir les profits coûte que coûte. Alors qu’en en novembre 2019 un étudiant lyonnais s’était immolé par le feu pour dénoncer la précarité étudiante, quand 57% des étudiantEs sont obligés de travailler en parallèle de leurs études et que plus de la moitié ont perdu leur emploi suite au confinement, quand pour beaucoup de foyers les revenus ont baissé, quand en été c’est 70% des étudiantEs qui ont un emploi et qu’unE étudiant.e sur cinq vit sous le seuil de pauvreté... facs fermées n’est pas synonyme de confinement mais de travail. La déduction est simple : les étudiantEs précaires vont devoir s’exposer au Covid-19 pour redresser l’économie du pays en assurant leurs jobs d’été plus tôt cette année. Pour Macron, la question n’est pas de savoir si nous pourrons valider nos semestres, elle est celle de nous envoyer aux côtés des travailleurEs en première ligne face au virus, et ce le plus rapidement possible. 

Logique de sélection

La logique de sélection est de plus en plus présente dans l’ESR avec ParcourSup, la sélection en master, les projets de hausse des frais d’inscription et de suppression des droits étudiants, comme la compensation entre les matières ou les rattrapages, permettant de renforcer la sélection au cours même de la licence. Des mesures qui ont pour objectif de pousser toujours plus d’étudiantEs en dehors des bancs des universités, à commencer par les plus précaires, celles et ceux qui travaillent ou qui sont dans des situations sociales difficiles. La gestion des universités pendant la crise du Covid-19 se veut être une accélération de ce processus, faisant d’office un « tri » entre les étudiantEs ayant les moyens de suivre les cours et de passer les examens, et celles et ceux qui ne les ont pas. Creuser les inégalités paraît être une aubaine pour ce gouvernement qui va pouvoir utiliser l’échec dans lequel il a sciemment mis les étudiantEs pour les exploiter plus facilement sur le marché du travail. 

Sans nous le 11 mai

Le mépris croissant dont fait preuve Macron à l’égard de notre santé et de nos vies n’a pas de limite. Annoncer le 11 mai comme date de déconfinement uniquement pour envoyer les travailleurEs au charbon, contre l’avis de tous les scientifiques et médecins, est criminel. La véritable urgence est à fermer les lieux de travail qui ont maintenu une activité non essentielle depuis le début du confinement et à mettre en place de véritables mesures pour protéger les salariéEs qui travaillent dans des secteurs nécessaires. Nous n’assurerons pas le bon fonctionnement d'une économie dont seuls profitent les plus riches au prix de nos vies ! La fermeture des universités n’empêchera pas les étudiantEs de rejoindre l’explosion sociale qui se prépare, le 11 mai sera sans nous, et nous descendrons tous et toutes ensemble dans la rue dès que la situation sanitaire le permettra !

Signez et faites signez la pétition : http://chng.it/X5wrdyDGz6