L’université Paris-Diderot a décidé de mettre brutalement fin au contrat de travail d’une jeune doctorante, Ana1, juste avant la fin de sa période d’essai en octobre dernier.
Motif invoqué ? Son casier judiciaire n’est pas vierge. En effet, il y a quelques années, Ana a été condamnée pour avoir jeté un café froid, considéré par les tribunaux comme une « arme par destination », sur des militants d’extrême droite qui bousculaient une syndicaliste dans une université du sud de la France.
Imposer la réintégration
Pourtant, les mentions au casier judiciaire ne conduisent pas automatiquement à l’interdiction de devenir un agent public. Au contraire, il s’agit d’une exception qui doit être justifiée si les faits inscrits au casier sont incompatibles avec la fonction exercée. Pour le cas d’Ana, les faits minimes reprochés ne justifient pas du tout ce licenciement. La présidence de l’université l’a elle-même reconnu implicitement puisqu’elle a demandé à Ana de réaliser les démarches d’effacement de son casier pour éviter le licenciement… mais dans des délais bien trop courts pour que ces démarches devant les tribunaux puissent aboutir à temps !
L’annonce du licenciement d’Ana a suscité de nombreuses réactions de solidarité de la part des collègues – doctorantEs comme chercheurEs – et des étudiantEs de l’université qui, depuis plusieurs semaines, organisent des rassemblements de soutien, des projections de films et des débats pour exercer une pression sur la présidence de l’université et imposer la réintégration d’Ana. Dans la mobilisation, il est apparu qu’un autre doctorant aurait été empêché de poursuivre son doctorat à cause d’une inscription à son casier judiciaire. Une raison supplémentaire pour ne pas laisser faire impunément l’université !
Sous couvert de « respectabilité », ce genre de mesures arbitraires et injustes participent aussi à réprimer toujours plus l’engagement des étudiantEs et à criminaliser leurs actions collectives. Alors pour reprendre un des slogans du comité de soutien d’Ana : « Faisons de notre indignation une arme par destination ! »
Coline Boutrin
- 1. Le prénom a été modifié.