Après une première journée de grève très massive le 11 février dernier1, les enseignantEs parisienNEs étaient à nouveau massivement mobiliséEs contre les suppressions de postes et la préservation des directions d’école.
Toujours à l’appel d’une intersyndicale parisienne très large (de la CNT à la CFDT) et avec le soutien de la FCPE, 45 % des enseignantEs étaient donc en grève mardi 11 mars et au moins 80 écoles étaient totalement fermées. Ce jour-là, à l’occasion de la tenue du CDEN (Conseil départemental de l’éducation nationale) — instance composée de l’administration, des syndicats représentant le personnel, des parents d’élèves et des éluEs locaux — un gros millier de personnes ont manifesté de la Sorbonne au ministère de l’Éducation nationale, puis 150 d’entre elles et eux se sont réuniEs en assemblée générale. Une délégation intersyndicale a même été reçue par une haute représentante du ministère, ce qui est un peu inédit.
Maigres concessions
Contre la fermeture annoncée à la rentrée prochaine de 198 classes dans Paris et la remise en cause du régime parisien des décharges de direction d’école, le mécontentement reste profond, malgré de toutes petites concessions à la suite de la première journée de grève en février.
Début mars, il y a eu des petites concessions : 16 annulations de fermetures, une ouverture, ainsi qu’une annulation de déspécialisation d’école. C’est bien peu au vu de la saignée annoncée...
Sur le dossier des décharges de direction d’école, les grandes manœuvres sont en cours. Pour partie responsable de la situation en n’ayant pas honoré depuis 2019 les compensations financières dues à l’État dans le cadre du protocole signé depuis 1982, la Ville de Paris s’agite : la majorité municipale est sous pression de la droite et cherche une porte de sortie, se disant prête aujourd’hui à signer un nouveau protocole pour préserver le régime spécial des décharges.
Et maintenant ?
Alors qu’une nouvelle journée de grève a lieu le jeudi 20 mars, le ministère mise sur l’essoufflement de la mobilisation et s’appuie sur le calendrier. Le mouvement de mutation des enseignantEs arrivant à grand pas, la carte scolaire (ouverture et fermeture de classe) sera bientôt figée. Et du côté des décharges de direction d’école, un moratoire sur les 52 écoles concernées par un changement de direction dès la prochaine rentrée était, semble-t-il, dans les tuyaux pour éteindre la colère des directrices et directeurs plus largement mobiliséEs qu’à l’accoutumée. Il est tombé le 18 mars repoussant d’un an la réforme des décharges de direction.
Annulation des suppressions de postes qui se traduisent par les fermetures de classes ; maintien du régime actuel de décharge de direction ; création massive de postes pour assurer les remplacements et d’enseignantEs spécialiséEs et d’AESH pour accompagner les élèves à besoins spécifiques… À cette heure, rien n’est donc réglé et, au-delà des petites manœuvres, la construction d’un grand mouvement pour la défense de l’école publique reste d’actualité.
Manu Bichindaritz