Pour le ministre Peillon, « dans la quasi-totalité (93,5 %) des communes, la mise en œuvre des rythmes scolaires se déroule sans difficulté ». Quel culot, alors que seulement 20 % des communes ont accepté de mettre en place la réforme et que partout la colère gronde !
La grève des enseignants le 14 novembre va être réussie. À Paris bien sûr, avec plus de deux enseignants sur trois en grève et environ un tiers d’écoles fermées, mais aussi dans les autres villes : l’appel national à la grève de la CGT, de FO et de Sud est rejoint par plus de quarante sections départementales du SNUipp-FSU, contre l’avis de la direction nationale. En Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, 200 écoles sur respectivement 700 et 630 devraient être fermées. À Gennevilliers (92), malgré l’absence d’appel du SNUipp-FSU, il devrait y avoir près de 70 % de grévistes, à Villejuif (94), près de 90 %…Malgré sa volonté de défendre la réforme (le secrétaire général participe d’ailleurs à des conférences pour sa mise en place dans les communes…), la direction nationale du SNUipp-FSU est donc maintenant contrainte à appeler à une date de grève nationale début décembre. Tout cela est le signe d’un ras-le-bol dans la profession et dans les équipes militantes.
Nouvelles provocations de PeillonLe ministre ne se démonte pas et montre à quel point ce gouvernement est, malgré ses prétentions, un ennemi des salariés et des classes populaires : après avoir annoncé que la mise en place de la réforme se passait bien, il annonce maintenant vouloir annualiser le temps de travail des remplaçants pour l’adapter à la réforme des rythmes scolaires. Une fois de plus, les analyses de la réforme les plus dramatiques s’annoncent réelles : une telle évolution serait un précédent, le début de la casse du statut national des enseignants et son adaptation aux besoins locaux des communes.Comme la mairie de Paris, le ministère espère sans doute que la division entre les différents corps de métier joue un rôle négatif sur la mobilisation. En effet, les liens sont pour l’instant difficiles entre les personnels de la mairie et les enseignants : les syndicats des premiers revendiquent de meilleures conditions de travail et les syndicats majoritaires (CGT et UNSA) se contentent donc de revendiquer une meilleure application de la réforme. Pourtant, des solutions existent pour unifier les revendications : associer l’abrogation de la réforme avec la titularisation des précaires, la construction d’ateliers culturels de qualité le mercredi matin, ainsi que sur le temps scolaire en co-intervention avec les enseignants.
Construire une grève unieLa grève des personnels de la mairie de Paris a été massive le 12 novembre : sur 660 écoles à Paris, la mairie affirmait un périscolaire « ouvert » sur seulement 75 écoles, le reste étant indiqué « fermé », « mixte » ou « dégradé »… Espérons que le caractère massif de cette grève ouvre des perspectives de lutte. Pour l’instant, la mairie semble prête à lâcher des embauches pour éteindre le feu, mais pour ne pas céder sur l’essentiel : le maintien de la réforme.Pour faire reculer le gouvernement et la mairie, il n’y a pas d’autre solution que de faire monter nos actions d’un ton : organiser des grèves reconductibles, unissant enseignants et animateurs, dans le maximum de communes qui y sont prêtes, bloquer la machine pour faire reculer Peillon et les maires. C’est l’enjeu de ces prochains jours.
Antoine Larrache