Deux rapports sur les rythmes scolaires, remis il y a quelques mois, mettent en danger les statuts des enseignants et la qualité de l’enseignement. Le débat se poursuit, mais il n’y a rien à en tirer, tant la « réforme » des rythmes scolaires rentre dans le projet gouvernemental de détruire le service public d’éducation. Le comité de pilotage (Copil) de la conférence nationale sur les rythmes scolaires a remis un rapport d’étape à Luc Chatel le 25 janvier. Mi-décembre, un rapport parlementaire issu d’une mission présidée par la députée Michèle Tabarot, sur les rythmes scolaires, paraissait également. Le Copil le précise : « ces points de vue sont complémentaires et appelés à s’enrichir l’un l’autre ». La discussion qui se poursuit et se concluera fin mai se base sur les deux rapports. Sans surprise, le Copil préconise la diminution des heures de cours à tous les niveaux d’enseignement, l’allègement et la dévalorisation des programmes sous prétexte d’accompagnement personnalisé. L’approfondissement de l’autonomie des établissements et la redéfinition des missions des enseignants (toutes les propositions sur les rythmes « ont en cascade, des incidences sur les missions, voire sur le statut des enseignants ») sont proposées. Le rapport Tabarot précise les objectifs gouvernementaux. Trois cibles apparaissent : les heures de cours, les disciplines et le statut des enseignants (« repenser les missions des enseignants pour garantir la présence d’un vivier »). On y trouve également nombre de propositions réactionnaires : outre confier l’éducation physique et sportive (EPS) et les disciplines artistiques au privé ou aux collectivités territoriales, le rapport préconise également le dynamitage des maternelles, la liquidation du bac, l’annualisation des services (la définition hebdomadaire est une « rigidité »), un temps de présence obligatoire des enseignants dans leur établissement et le raccourcissement des congés scolaires (on passerait à une année scolaire de 180 à 200 jours contre 144 actuellement). Sous couvert d’une discussion sur les « rythmes scolaires », c’est une offensive de grande ampleur contre l’enseignement public, les programmes nationaux, le cadrage national et le statut des enseignants qui s’amorce. C’est pourquoi il faut revendiquer le retrait du projet de réforme des rythmes scolaires. Une énième participation aux consultations peut-elle « peser sur les choix du gouvernement » ? À ce stade, on ne peut que constater que les directions des principaux syndicats enseignants se sont prononcés pour la poursuite de la concertation. Alors que les rapports Tabarot et du Copil indiquent clairement où elle ménera. Loin de penser que la situation actuelle est satisfaisante, il serait naïf de croire qu’il puisse ressortir quelque chose de positif de cette concertation avec ce gouvernement. Rappelons-nous que les « états généraux sur la violence scolaire » ont légitimé la mise en place du dispositif Éclair. Il s’agit donc de s’organiser pour faire en sorte que la concertation syndicats-gouvernement sur les rythmes scolaires s’interrompe, pour empêcher un projet destructeur, pour créer les conditions du « tous ensemble » contre le gouvernement et ouvrir la voie à la lutte des enseignants pour leurs multiples revendications, à commencer par l’arrêt des suppressions de postes. Éric Abarroc