Lundi 25 mars, le conseil de Paris a adopté un vœu afin que la réforme des rythmes scolaire soit mis en place dès septembre 2013, à 474 voix, contre 69. Devant la mairie, près d’unE enseignantE sur deux en grève scandait avec colère l’abrogation du décret Peillon-Delanoé.
Un vote sans surprise, puisque EELV et PS avait passé un accord concernant les futures municipales, afin d’obtenir une majorité. Lors du conseil, les deux groupes se sont entendus pour compter sur l’inventivité des enseignantEs lors de la mise en place de la réforme et ont félicité leur mobilisation qui aura permis que la mairie n’allonge pas la pause méridienne...
Après quatre journées de grève, huit manifestations et quatre réunions publiques se déroulant au cours des mois de janvier, février et mars, les enseignantEs, non consultéEs, devront donc appliquer les directives horaires de la mairie de Paris. Alors que seulement 11% des communes rurales mettront en place la réforme à la rentrée prochaine, ce passage en force de la part de Delanoé est corrélé à son désir d’obtenir un « poste » au gouvernement. Les enfants sont en effet bien loin des préoccupations du ministre et du maire, car après réforme leur temps de présence dans l'école ne diminuera pas...
Mais si la réforme n’améliore ni les conditions d’apprentissage des élèves, ni les conditions de travail des enseignants, elle n’améliore pas non plus celles des personnels municipaux. En effet, les moyens sont insuffisants et non pérennes. L’embauche des animateurs et animatrices pour le périscolaire est d’un rapport de 1 pour 1412 enfants, sans certitude sur leur statut. L’accès au CDI annoncé pour 1400 vacataires relève de l’application de la loi que la Ville de Paris a jusque-là « négligé » de respecter. Donc pas de quoi pavoiser sur les moyens mis en place. Les personnels ASEM (agents spécialisés des écoles maternelles) seront davantage présents auprès des enfants, au détriment des tâches d’entretien qui reviendront aux cantinières. A la question « les cantinières seront-elles volontaires ? », Delanoé a répondu « sans doute oui ». Belle démonstration de mépris.
Contre le projet de loi, la grève !
La réforme des rythmes scolaires est un des premiers maillons du projet de loi sur la refondation de l’école. Le flou entretenu entre le projet éducatif territorial et le projet d’école est volontaire, marquant l’objectif du gouvernement de transférer une partie de ses missions et en conséquence de creuser davantage les inégalités territoriales, transfert qui se retrouve tout au long du projet de loi de refondation. C'est une des raisons de l’appel à la grève du jeudi 28 mars des fédérations CGT, FO, Solidaires et CNT. Bien que la FSU n’appelle pas à cette journée de mobilisation, quelques sections du SNUipp-FSU appellent à la grève.
La politique du gouvernement en matière éducative ne rompt pas avec les réformes du gouvernement précédent. Seul un tous ensemble pourra le faire reculer. Pour cela il est nécessaire de se réunir, de s’organiser et de faire pression sur les directions syndicales afin de démarrer un mouvement de grève nationale allant bien au-delà d’une simple journée d’action. Le 28 mars peut être le début de cette jonction entre l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale.
Nina Lehair