Publié le Jeudi 23 janvier 2025 à 15h30.

Les GM&S de La Souterraine réuniEs pour une fête combative

C’est l’histoire d’une mémoire ouvrière, d’une boîte de sous-traitance qui a connu depuis des dizaines d’années « des plans sociaux », terme cynique permettant de camoufler la violence d’une vague de licenciements.

C’est le projet fou des quelque 80 salariéEs encore en poste, de celles et ceux qui ont retrouvé un travail ailleurs mais qui maintiennent leur solidarité. Et c’est également la mémoire des disparuEs dont le souvenir est entretenu afin de ne pas passer sous silence cette cruelle réalité, si loin du « pas un seul salarié ne sera laissé de côté » d’un Bruno Le Maire.

Engagement, arts et médias

L’histoire de cette entreprise n’est malheureusement pas une exception. Elle illustre au contraire la désindustrialisation en œuvre depuis le milieu des années 1980 et elle lui donne des visages, des cicatrices, des pleurs mais également une forte volonté de résistance et de visibilité à commencer par ces liens entretenus avec une partie du monde de la culture : film, documentaire, bande dessinée, chanson, photographie, illustration, permettant de « rendre compte ». Les présentEs ont pu débattre lors d’une première table ronde, de leur implication avec les GM&S car « tout est politique […] parce qu’on en a besoin, en tant qu’artistes, notamment si on a un tant soit peu de conscience politique. »

Une conscience mise à l’épreuve lors de la seconde table ronde, cette fois-ci avec les journalistes locaux et nationaux ayant accompagné cette lutte, en essayant de répondre à la question de la sous-­représentation et du traitement des luttes sociales dans les médias. Si certains continuent d’appeler à une forme de « neutralité journalistique », de problème de « tempo » ou du « besoin d’images », d’autres affirment au contraire une position assumée de « journalisme engagé » car l’ensemble des choix éditoriaux sont politiques. Il y a bien un parti pris dans la volonté de « mettre en images », et l’ensemble des participantes (le plateau était 100 % féminin) se sont retrouvées sur ce qui a fait le buzz, à savoir la menace de faire sauter l’usine en 2017. Ce qui a fait dire à l’animateur du débat que finalement « ce n’est pas l’usine qui avait été piégée mais les journalistes ».

Fierté et solidarité

C’est donc un week-end que l’on voudrait voir durer plus longtemps, où se côtoient des moments réflexifs et du festif, et même une manif avec la chorale des Poupées gonflantes, venue de Limoges. Un moment suspendu loin de la politique de salon mais au contraire plein d’une énergie partagée, de celles et ceux à la fierté conservée qui riment avec solidarité. Loin du discours méprisant et infantilisant de Macron répondant à une des salariées de GM&S qu’il « n’était pas le père Noël », les salariéEs, leurs familles et l’ensemble de ceux et celles qui les accompagnent ont fait « ce qu’on doit faire ». Et comme le chante Didier Wampas qui a clôturé le concert, « ce soir c’est Noël et rien n’est plus vraiment pareil […] la nuit à un goût de miel et merci pour toutes ces merveilles »

Correspondant