Les négociations annuelles sur les salaires à la SNCF étaient — comme partout — très attendues. Le sujet est tellement sensible que c’est la direction SNCF elle-même qui a avancé la date de ces « négociations ».
Avec des bénéfices records de 2,4 milliards d’euros en 2022 et face à une inflation galopante, les cheminotEs attendaient de vraies propositions de la part de la direction. Peine perdue, celle-ci propose une augmentation de 1,8 % et une prime de 400 euros en décembre !
Intensification du travail et stagnation des salaires
Pour couronner le « foutage de gueule », cette même direction explique que les cheminotEs ont connu des augmentations de salaires sur les trois dernières années. En réalité, il s’agit d’une augmentation en trompe-l’œil : par exemple, de plus en plus de collègues se font payer leurs jours fériés travaillés (voire leurs congés) au lieu de les récupérer ; le travail de nuit explose avec les primes qui vont avec ; dans certains endroits les chefs s’arrangent pour faire faire des heures supplémentaires afin de permettre aux agentEs de gagner un peu plus… De plus, avec les réformes des retraites, le corps cheminot vieillit entrainant automatiquement des augmentations de salaires liés à l’ancienneté. Bref, le salaire de base ne bouge pas mais l’intensification du travail, notamment liée à une reprise forte du trafic voyageur, est réelle.
Pour l’instant les syndicats sont en ordre de bataille… dispersé. Après avoir participé à un rassemblement avec Sud Rail, la CFDT s’apprête sans doute à signer l’accord. L’UNSA également. Pour sa part, la CGT revendique une augmentation de salaire de 12 %, ce qui reviendrait (selon ses propres calculs) à octroyer une augmentation de salaire de 232 euros à unE salariéE de l’exécution et de 388 à un cadre, accentuant ainsi les écarts salariaux dans l’entreprise… Sud Rail de son côté revendique 400 euros brut par mois.
Des revendications unifiantes pour le monde du travail
Face à la hausse des prix, ce qui serait nécessaire aujourd’hui, c’est une augmentation des salaires de 400 euros net sur 13 mois. Rapporté aux 140 000 salariéEs (contractuelEs et au statut), cela représenterait 1 milliard d’euros, dont 310 millions iraient alimenter les caisses de la protection sociale (sécu, retraites, chômage…).
La question des salaires est sans doute la principale préoccupation du monde du travail en ce moment. Si les cheminotEs partaient en grève sur ce sujet, cela pourrait donner confiance à d’autres secteurs. Et indépendamment des revendications « exactes », ce qui comptera c’est la capacité des salariéEs prêts à se lancer dans la grève à formuler des revendications qui permettent à l’ensemble du monde du travail de s’y reconnaître et ainsi d’entraîner un mouvement d’ensemble pour une augmentation générale des salaires.