Publié le Mercredi 24 janvier 2018 à 09h33.

PSA : L’aubaine de la rupture conventionnelle collective

C’est à l’issue du Comité central d’entreprise de PSA du vendredi 19 janvier que le premier accord de rupture conventionnelle collective (RCC), rendue possible par la réforme du code du travail, a été signé.

Cinq syndicats (FO, CFDT, CFTC et GSEA, et CGC (après hésitation) ont confirmé leur accord alors que la CGT, majoritaire dans le collège ouvrier, s’y est opposée.

De l’argent, il y en a...

PSA, comme Renault, a annoncé des records de vente au niveau mondial pour l’année 2017 avec 3,63 millions de véhicules (+ 15,4 % par rapport à 2016), après avoir déjà réalisé 2,15 milliards d’euros de bénéfices en 2016. Dans ces conditions, on comprend que la direction ne souhaite pas s’engager dans des procédures lors desquelles elle devrait fournir des justifications économiques aux suppressions d’emplois qu’elle a programmées.

Ces résultats ont déjà été atteints par l’augmentation de la productivité des salariéEs, avec une masse salariale passée de 15 à 11 % du chiffre d’affaires sur quatre ans. En cinq ans, PSA a supprimé 25 000 emplois avec, au cœur, la fermeture du site d’Aulnay, et emploie aujourd’hui près de 10 000 intérimaires sur 30 000 ouvrierEs. Le tout agrémenté d’accords de compétitivité qui ont bloqué les salaires, supprimé des primes et des jours de congés. 

Toujours plus

Mais cela est encore insuffisant. L’objectif est la suppression de 2 200 emplois, dont 1 300 dans le cadre de la RCC, et 900 départs en pré-retraite. Ce qui rend plus que douteuse la promesse de 1 900 embauches en CDI.

Ce qui est certain par contre, c’est la fermeture programmée du site de La Garenne (92), les menaces sur Saint-Ouen et des modifications de l’organisation du travail à Poissy combinant allongement de l’amplitude de travail et suppression des pauses afin d’augmenter le travail « gratuit ». Et sur tous les sites, l’aggravation des conditions de travail.

La RCC a pour intérêt de n’imposer aucune justification économique et de réduire au minimum l’encadrement des suppressions d’emplois : pas d’indication sur les postes supprimés et obligations de reclassement « allégées ».

Autant de difficultés pour engager une mobilisation rendue déjà bien compliquée par le soutien à la RCC, contrairement à ce qui s’est passé chez Pimkie, d’une majorité d’organisations syndicales.

Robert Pelletier